lundi 16 juillet 2018

Expo La Porte des rêves - Un regard symboliste



Actuellement, dans le cadre charmant de la propriété Caillebotte à Yerres (Essonne), l’on peut découvrir 160 œuvres symbolistes marquantes, essentiellement issues d’une collection privée.


Figures ésotériques, nus flottants, bêtes étranges, paysages vaporeux, créatures hybrides… Avec ses thèmes oniriques et étranges, le symbolisme ne peut qu’intriguer ! A la Ferme Ornée et à l’Orangerie, dans l’environnement immédiat de la maison Caillebotte, l’expo La porte des rêves - Un regard symboliste propose une minutieuse et passionnante excursion à travers cet univers pictural spécifique, inspiré à l’origine par un mouvement littéraire qui faisait de l’imagination la source primordiale de la créativité.

Alphonse Osbert (1857-1939), Le Mystère de la nuit, 1897
collection privée © Thomas Hennocque

Apparu à la fin du XIXe siècle, le symbolisme fut snobé par la haute bourgeoisie, qui lui préférait sans doute « financièrement » les représentations et les charmes plus consensuels du réalisme et de l’impressionnisme. Mouvement pas vraiment structuré, le symbolisme fut néanmoins une pépinière de fortes personnalités, cultivant sur le mode aristocratique leurs secrètes pulsions et leurs obsessions esthétiques à travers d’innombrables sujets allégoriques. La plupart étaient d’ailleurs hostiles à la société industrielle de leur époque, dite « moderne », qui faisait - par exemple - les délices d’un Zola ou des peintres ou écrivains affichant des ambitions naturalistes. Peintures, sculptures, dessins, pastels, lithographies, émaux…

Edgar Mayence (1871-1954), Les Fleurs du lac, ca. 1906
collection privée © Thomas Hennocque

A travers tous ces supports, l’expo La porte des rêves - Un regard symboliste nous laisse deviner derrière ces œuvres de l’âme le fort point de vue émotionnel qui rassemble tous ces artistes. A la fois exaltée et méditative leur peinture, dans ce qu’elle a de plus mystérieux et d’ésotérique, n’est pas sans rappeler, parfois, certains ténors de l’expressionnisme allemand ou autrichien. Au fil des salles, l’on découvrira des artistes dont la plupart sont peu connus du grand-public. En effet, excepté Puvis de Chavannes (1824-1898), Odilon Redon (1840-1916) et Gustave Moreau (1826-1898) très peu de peintres français de la mouvance symboliste sont restés dans la mémoire collective. Cette nouvelle expo donne l’occasion de découvrir des artistes du XIXe siècle, variés, originaux et méconnus.

Armand Point (1860-1932), Princesse à la licorne, ca. 1896
collection privée © Thomas Hennocque

Un goût certain pour l’imaginaire médiéval - et une fascination pour les époques légendaires - caractérise les œuvres d’Edgar Maxence et d’Armand Point, ce dernier artiste était fort inspiré par les physionomies botticelliennes. Dans une approche souvent théâtrale et monumentale George Desvallieres, Ary Renan et Pierre-Amédée Marcel-Beronneau réinterprètent les mythes. On signalera entre autres le tableau La Méduse (1906) pour son insolite gestuelle et sa touche chromatique. Cet énigmatique tableau de Marcel-Beronneau rappelle à la fois Redon et Moreau. Le sujet féminin reste incontestablement le motif principal de l’inspiration symboliste. Imprégnées à la fois par l’érotisme et par la méditation, les représentations d’Alexandre Séon et de Fernand Khnopff se profilent particulièrement emblématiques de la vision de la femme chez la plupart des symbolistes.

Alexandre Séon (1855-1917), La Pensée, ca. 1898
collection privée © Thomas Hennocque

Outre le portrait allégorique, les nus évanescents et les créatures hybrides, beaucoup de ces artistes ont exploré la dimension onirique même du paysage. C’est le cas d’Alphonse Osbert (Le Mystère de la nuit, 1897), d’Emile-René Ménard et de Charles-Marie Dulac à travers des œuvres délicates aux couleurs indécises. Dans les dernières salles de l’expo yerroise, l’on découvrira un symbolisme particulièrement sombre, voire morbide, ainsi dans les œuvres tourmentées d’Henry de Groux, imprégnées par la couleur ou dans celles du Polonais Boleslas Biegas, imprégnées de souffrance et de folie. Outre cette très intéressante expo, l’on n‘hésitera pas à conseiller la visite du parc paysager (« les fabriques », sculptures, jardin potager) et bien sûr celle de « Le Casin », belle demeure du XIXe siècle où a vécu le peintre impressionniste Gustave Caillebotte (1848-1894). La maison a été entièrement reconstituée avec les meubles d’origine.

Le Casin © Christophe Brachet

Expo La Porte des rêves - Un regard symboliste
Centre d'art et d'exposition
Ferme Ornée et Orangerie
horaires : du mardi au dimanche de 14 h à 18 h

jusqu'au 29 juillet 2018

Maison Caillebotte
10, rue de Concy
91330 YERRES-ESSONNE

La Chambre parentale © Sébastien Erras

Parc Caillebotte : ouvert tous les jours
octobre - mars de 9 h à 18 h 30
avril - mai de 9 h à 20 h 30
juin - juillet de 9 h à 21 h
août - septembre de 9 h à 20 h

En RER D, à 20 minutes de Paris depuis la gare de Lyon (direction Melun, arrêt Yerres)
Depuis la gare, 7 minutes à pied ou bus (ligne F)

Pierre-Amédée Marcel-Beronneau, La Méduse, ca. 1906
collection privée © Thomas Hennocque

En réalité, le recours à la mythologie n’est pas chose nouvelle dans la culture visuelle occidentale mais l’originalité du symbolisme réside dans son investissement d’une relecture critique des mythes. Gustave Moreau, par exemple, assimile le mythe comme point de départ de l’invention poétique et du réveil des aspirations intérieures assoupies au sein de la conscience. Redon poursuit cette voie en traduisant cette même conception particulièrement introspective de l’inspiration. Ainsi, l’artiste symboliste s’assigne pour tâche de révéler au public l’expression suggestive d’une réalité immanente, de dévoiler les thèmes qui traversent l’histoire de l’humanité (la mort, le destin, le désir, etc.) au-delà de la forme précieuse et archaïque des mythes qui les portent. 

Le Symbolisme (extrait), lu dans marcelberonneau.blogspot.fr





En réalité, le recours à la mythologie n’est pas chose nouvelle dans la culture visuelle occidentale mais l’originalité d



















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire