lundi 4 juin 2018

Lost Souls, le nouvel opus de Lorena Mc Kennitt



12 ans après An Ancient Muse Loreena Mc Kennitt nous revient avec Lost Souls, disque séduisant et raffiné aux contours exotiques et chatoyants. Depuis une trentaine d’années l’artiste canadienne creuse son sillon avec un timbre mélodique rare et une musique nomade naturellement intemporelle.


Sa musique que l'on classe principalement dans la World music a des origines celtes mais trouve aussi des influences dans les musiques orientales et dans celle des Balkans. Au fil des décennies, cette auteure-compositrice-interprète a acquis une réputation internationale non usurpée. Sans doute, le superbe DVD Nights from the Alhambra (2007) reste l'un des meilleurs témoignages (visuel et sonore) de ce talent métissé. Enregistré dans l’enceinte du palais - de Charles Quint - de l’Alhambra à Grenade, il laisse entendre des titres d’An Ancient Muse (2006) - probablement son meilleur disque - ainsi que d'autres, issus de son répertoire ancien. Enregistré dans le champêtre studio de Real World à Wiltshire (sud-ouest de l'Angleterre), créé par Peter Gabriel - le pape de la World Music -, ce Lost Souls (9 titres) débute par « Spanish Guitars and Night Plazas ». Mystérieux et puissant, c'est un morceau surfant entre musiques andalouse et médiévale. La Canadienne y glisse sa voix indécise et mélodique entre brisées de castagnettes et cordes palpitantes de guitare flamenco, entre évasives portées de violon et mélancolique hautbois. Loreena Mc Kennitt (chant, harpe, accordéon claviers) apprécie visiblement les climats éthérés et les instrumentations feutrées. Comme à son habitude, subtilement, elle choisit de mêler aux instruments traditionnels (guitare, basse, batterie, violon) d'autres plus confidentiels ( bouzouki, oud, lyre, cornemuse, canon).

Lorena Mc Kennitt

Cette chatoyante et exotique instrumentation (mais sans le côté bon marché de bon nombre de productions) colle idéalement à ses textes largement inspirés par l’histoire, la littérature ou les mythes. Sous des brumes celtiques, dans Lost Souls elle met en musique deux poèmes : « La Belle Dame Sans Merci » de William Buttler Yeats (1865-1939) et « The Ballad of the Fox Hunter » de John Keats (1795-1821). Ce dernier titre est tout imprégné d'une domesticité pastorale et par l’attachement aux animaux. Egalement, on signalera Sun, Moon and Stars, instrumental empruntant au folklore moldave, qui offre un crescendo violon/lyre/oud/bouzouki/percussions à la fois mélodieux et pulsatif. Quant à « Ages Past, Ages Hence », morceau très convaincant (en partie orchestré), il fait songer un peu au climat d'une Kate Bush  sur Lionheart (1978)/Never for Ever (1980). « A Hundred Wishes » est un titre lunaire et sentimental porté par un prenant crescendo guitare/ violon/bouzouki/hautbois. « Breaking of the Sword » est un titre finement orchestré. Il est traversé par de légers chœurs, des brumes de trompettes, des souffleries de cornemuses et bien sûr par le timbre aérien de Mc Kennitt. C'est l’évocation par une mère de la mémoire de son fils, tombé au champ d’honneur. (Le morceau est dédié aux soldats canadiens tombés en France pendant la Première Guerre mondiale.) Enfin « Lost souls » clôt l’opus en toute beauté sous une note romantique et métaphysique où la chanteuse évoque les insaisissables circonvolutions de l’âme (!). Avec l'opus Lost Souls  Loreena Mc Kennitt signe son dynamique retour sur la scène discographique et, une fois de plus, nous transmet l’universalité de sa musique, à la fois délicate et voyageuse.

Lost Souls, Lorena Mc Kennitt, Quinland Road, Canada, 2018













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