A travers plus de 100 œuvres (tableaux, lithographies, dessins), le Musée du Luxembourg honore l’œuvre d’Henri Fantin-Latour (1836-1904), peintre énigmatique et attachant s’inscrivant entre classicisme et modernité.
Quoique moins connu que d’autres de sa génération comme Degas ou Manet, Henri Fantin-Latour fut l’un des artistes phares du XIXe siècle. Et cette rétrospective intitulée tout simplement « Fantin-Latour - A fleur de peau » tombe à pic permettant la découverte de l’univers pictural d’un artiste séduisant tout en rappelant à travers son singulier destin les nombreuses révolutions artistiques du siècle.
© musée des Beaux-Arts de Lyon / Photo Alain Basset
Henri Fantin-Latour, La Lecture, 1877
huile sur toile, 97,2 x 130,3 cm
D’emblée, le parcours de ce fils de peintre natif de Grenoble intrigue. Copiste au Louvre, ami de Whistler et grand amoureux des couleurs assourdies brun-gris des pays du Nord, Fantin-Latour évolue au fil de ses influences et de ses passions. Quoique lié - par amitié et par curiosité intellectuelle - aux impressionnistes, le peintre n’adhéra point à leurs conceptions picturales, préférant aux lumières éclatantes de l’eau et du ciel les intérieurs confinés. D’inspiration réaliste, sa peinture est riche en natures mortes et en portraits méticuleux. Elle séduit par un climat intimiste et mystérieux. Pour ses portraits, Fantin-Latour privilégia d’ailleurs le cercle intime : famille, amis, proches.
© Musée de Grenoble
Henri Fantin-Latour, Nature morte dite "de fiançailles", 1869
huile sur toile ; 32,8 x 30,4 cm
Et au fil des salles de l’expo, le visiteur sera étonné de découvrir les mêmes personnages représentés dans les tableaux à diverses périodes : les deux sœurs du peintre (Marie et Nathalie), sa femme (Victoria), sa belle-sœur (Charlotte Dubourg)… Dans une succession d’autoportraits, Fantin-Latour semble lui-même mettre en scène son spleen d’artiste. Figés, peu souriants et comme décalés dans leur environnement, tous ces personnages dégagent un fort climat psychologique. (D’une certaine façon l’élégance et la modernité de ces représentations peut faire songer aux futurs Vallotton, Hopper et autres Delvaux.) Egalement, la rétrospective du Musée du Luxembourg consacre une large place aux somptueux portraits de fleurs au parfum très XVIIIe siècle à la Chardin. (La production de Fantin-Latour compterait entre 500 et 600 tableaux de fleurs.)
© Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay) / Photo Hervé Lewandowski
Henri Fantin-Latour, Coin de table, 1872
huile sur toile, 161 x 223 cm Paris, musée d’Orsay
de gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzéar Bonnier, Léon Valade, Emile Blémont, Jean Aicart, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan
Quant aux portraits de groupe, ils figurent sans doute parmi les tableaux les plus imposants. Ces toiles rappellent les liens de Fantin-Latour avec les principaux représentants de l’avant-garde artistique et littéraire de son époque (Zola, Rimbaud, Baudelaire…). Egalement, l’on découvrira au cours de la visite des tableaux moins connus (à la veine symboliste), inspirés de sujets mythologiques ainsi qu’un inédit fond de photographies de nu, qui inspira dessins et toiles du peintre. Au final, une expo passionnante, qui permet de découvrir l’oeuvre d’une figure marquante du XIXe siècle !
Expo Fantin-Latour - A fleur de peau !
Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard
Paris 6e
horaires : tous les jours de 10 h 30 à 19 h, nocturne le vendredi jusqu’à 22 h
jusqu’au 12 février 2017
19, rue Vaugirard
Paris 6e
horaires : tous les jours de 10 h 30 à 19 h, nocturne le vendredi jusqu’à 22 h
jusqu’au 12 février 2017
Henri Fantin-Latour, Autoportrait, la tête légèrement baissée, 1861
huile sur toile ; 25,1 x 21,4 cm
Washington, National Gallery of Art
Courtesy National Gallery of Art, Washington
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