lundi 23 février 2015

Expo Le bord des mondes


 Beurre en stick, Kawakami Kenji. Courtesy Jean-Christophe Lecoq. 

Iris Van Herpen, Voltage, 2013, japanese microfiber polyester and laser cut mat polyester-film, credits: M. Zoeter x Iris van Herpen

A la lisière de l’art, de la création et de l’invention, l’expo Le bord des mondes présente au Palais de Tokyo les réalisations fantasques de 22 créateurs internationaux…

Sans démagogie  affichée, le Palais de Tokyo présente en cette saison les œuvres de créateurs pour la plupart extérieurs au champ de l’art mais qui par une tonique originalité ou leur exubérance intuitive réorientent notre regard sur l’art, notion finalement bien floue. Après tout (à titre d’exemple) loin des traditionnels ateliers de plasticiens et des centre sélects d’art, l’Art brut a trouvé ses chantres les plus créatifs au sein d’une population le plus souvent marginalisée (malades, internés, prisonniers), incapable de rentabiliser financièrement ses talents. Allant au-delà des effets de mode superficiels, l’expo collective Le bord des mondes s’affiche plutôt riche en surprises.

Theo Jansen, Animaris Currens, 1993. © ADAGP, Paris 2014 

Dans un labyrinthe délicieusement bordélique, l’on passera des coiffures-méduses de Charlie Le Mindu - perruquier en chef de Lady Gaga - aux étranges animaux cerfs-volants du Néerlandais Theo Jansen, dont l’on peut admirer pendant l’été sur la plage de Scheveningen les éloquentes « Strand beasts ». Dans cette expo fourre-tout mais qui ratisse large les créations les plus marquantes, l’on découvrira une insolite carte géante (Jerry’s Map), composée de 2 600 panneaux. Depuis 50 ans, cet atlas imaginaire constitue le grand œuvre de l’Américain Jerry Gretzinger. Dans un autre registre tout aussi intéressant mais plus proche de la mode et du design, l’on signalera les flamboyantes fringues des sapeurs de Kinshasa, inspirées en partie de couturiers comme Castelbajac ou Yamamoto. Réintroduisant de façon loufoque et arty le mythe du black dandy dans l’art vestimentaire, certaines tenues dégagent un parfum à la fois kitch, élégant et sauvage, quelque part entre Brummell, Tarzan, Ziggy Stardust et Achille Zavatta (!) 

Jerry’s map, 1963-2014, peinture sur papier, dimension variable, Courtesy Jerry Gretzinger 

Quant au Japonais Kenji Kawakami, c’est est une sorte de Géotrouvetout qui depuis les années 80 créent des objets aussi inutiles que savoureux [700 inventions répertoriées]. On signalera entre autres au Palais de Tokyo sa cravate waterproof et son casque pour siestes improvisées ! L’on ne manquera pas également les 300 curieux portraits réalisés sur du savon par le détenu américain Jesse Krimes. Enfin, l’on découvrira le fameux Game of States, un simple jeu à base de maquettes et de figurines qui fut créé en 1945. Fruit d’inventeurs anonymes, ce jeu confidentiel servit de divertissement antistalinien à toute une génération de Polonais d’après-guerre. Au final, une expo variée, instructive et très divertissante !

Expo Le bord des mondes
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
Paris 16e
de midi à minuit tous les jours, sauf le mardi

jusqu’au 17 mai 2015


Game of States, Vue d’exposition de The State- Playing the Archive, Piktogram BLA (2012) Collection de Michal Slezkin, Varsovie 



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