lundi 23 février 2015

4. 48 Psychose


Dernière pièce de la dramaturge britannique Sarah Kane (1971-1999) ayant pour thème récurrent le suicide, 4. 48 Psychose est le récit tourmenté d’une femme atteinte de dépression psychotique. Mis en scène par Ulysse di Gregorio [en 2013 Une sorte d’Alaska (Pinter), en 2014 L’Echange (Claudel)] et subtilement interprété par la comédienne Julie Danlébac, ce 4. 48 Psychose se révèle une oeuvre poétique très convaincante.

Certains textes paraissent indissociables de la vie de leurs écrivains. C’est cruellement le cas de Sarah Kane, auteure, comédienne et metteuse en scène qui connut le succès théâtral dans les années 90 avec des pièces aux thèmes sinueux et éprouvants [Blasted (Anéantis,1995), Phaedra’s Love (L’amour de Phèdre, 1996), Cleansed (Purifiés, 1998) et Grave (Manque, 1998)].

4. 48 Psychose - Akteon Théâtre 

A l’âge de 28 ans, lors d’un énième internement dans un hôpital psychiatrique, elle se donna la mort par pendaison juste quelques semaines après la rédaction de 4. 48 Psychose. Ce malheureux évènement fut l’occasion pour la critique et le public de découvrir la pièce et de revisiter toute l’œuvre de Kane. D’emblée, ce spectacle entraîne le spectateur dans un espace chaotique et sombre, celui des tourments de l’âme et des  ruptures définitives avec la société, le tout sur fond d’espace médicalisé et de solitude larvée. Entrecoupés de silence, les mots de la patiente y expriment toute l’indéfinissable angoisse existentielle du personnage. Déjà dans une mise en scène remarquée d’Une sorte d’Alaska de Pinter mettant en exergue de crépusculaires créatures féminines   au regard dubitatif   scrutant  la vacuité de la vie  Ulysse Di Gregorio abordait des thèmes étranges similaires comme l’enchevêtrement du rêve et de la réalité ou la souffrance qui en résultait.

4. 48 Psychose - Akteon Théâtre 

 Cette fois-ci, il récidive théâtralement dans une histoire beaucoup plus violente. En effet, le texte même de Kane paraît trempé par une logique irréversible du suicide. Tentant désespérément de mettre des mots à ses sentiments confus, le personnage incarné par Julie Danlébac nous apparaît dans toute sa conscience malheureuse mais aussi paradoxalement avec une certaine sérénité comme si la proximité de cette mort programmée à 4. 48 [d’où le titre] allait lui apporter de l’apaisement. Julie Danlébac se révèle très convaincante dans ce rôle de prisonnière de l’inutile nimbée dans d’étranges lumières. Et l’on conseillera vivement de voir cette performance solo aussi physique que textuelle, qui renoue avec la tradition  des grands personnages sacrificiels. 

durée : 1 h 15 

4. 48 Psychose, une pièce de Sarah Kane
Mise en scène : Ulysse Di Gregorio
Distribution : Julie Danlébac

Akteon Théâtre
11, rue du Général Blaise
Paris 11e
les vendredis et samedis à 20 h

jusqu’au 21 mars 2015 


Sarah Kane









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