lundi 2 mars 2015

Expo Florence Henri + Expo Taryn Simon


Autoportrait 1938, Florence Henri. Epreuve gélatino-argentique datée des années 1970, 24 x 8 x 23,1 cm. Collection particulière, courtesy Archives Florence Henri, Gênes. Florence Henri ã Galleria Martini & Ronchetti

Cutaways, 2012 
Single Channel Video, 3 minutes
Dimensions Variable
Courtesy of the artist © 2014 Taryn Simon

A l’occasion de l’expo Miroir des avant-gardes l’on peut voir actuellement plus de 130 tirages d’époque de Florence Henri (1893-1982) réalisés entre 1927 et 1940. Egalement, au Jeu de Paume, l’on peut découvrir Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure, première exposition monographique en France de l’artiste américaine Taryn Simon (née en 1975). Sans détours BLOG DE PHACO vous livre son impression - mitigée - sur ces deux expos…





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Expo Florence Henri - Miroir des avant-gardes, 1927-1940


 Composition, The Glory that was Greece vers 1933 Florence Henri Photomontage, épreuve gélatino-argentique datée de 1975, 23,5 x 9,5 cm. Collection particulière, courtesy Archives Florence Henri, Gênes. Florence Henri ã Galleria Martini & Ronchetti


D’emblée, le travail photographique de Florence Henri s’inscrit puissamment dans toute l’ébullition artistique de la première moitié du XXe siècle avec ses influences multiples : surréalisme, cubisme, constructivisme… Et sans doute cette artiste, qui dès 1927 fit ses premières expériences photographiques tout en suivant les cours du mythique Bauhaus, a été marquée par les avant-gardes de son époque. Autoportraits, nus, compositions abstraites, portraits d’artistes… Chez Florence Henri - qui fut d’abord connue pour sa peinture - tout respire le goût (immodéré ?) pour la précision, la jolie forme, la délicatesse de l'expression géométrique. Très élaborées, ses photos - objet de montage et de collage - se dégustent en une mise en scène sophistiquée.

Composition 1928. Florence Henri. Epreuve gélatino-argentique d’époque, 27 x 37,1 cm. Museum Folkway, Essen. Florence Henri ã Galleria Martini & Ronchetti

Et devant chacune d’elles l’on devine un univers qui peut être naturaliste, documentaire ou pictural. Hélas, dans l’ensemble, toute cette œuvre exposée paraît bien lisse et peu palpitante. D’abord, les motifs sont généralement assez ennuyeux : boule, fenêtre, bobine à fil, statue, chaise, fruit… Ensuite, ces séries de photos en noir et blanc dégagent peu d’émotion, reflétant surtout chez leur auteure une soif (tout à fait respectable) d’expérimentation. En fait, la superposition des images ainsi que les jeux d’ombre et de miroirs de cette expo - judicieusement titrée « Miroir des avant-gardes » - semblent exprimer pleinement le désir de raffinement stylistique chez Florence Henri. Au final donc, des photos irréprochables (par leur habileté maniaque) mais laissant en 2015 sur une impression d’univers un peu suranné voire hyperclassique.


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Expo Taryn Simon - Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure

White Tiger (Kenny), Selective Inbreeding
Turpentine Creek Wildlife Refuge and Foundation
Eureka Springs, Arkansas

Le Jeu de Paume présente cinq séries emblématiques du travail de Taryn Simon, artiste américaine qui depuis une dizaine d’années interroge la société par le biais d’images fortes dans un souci documentaire et de création artistique. Plus particulièrement ses réalisations - par le biais de la photographie, du graphisme et de la vidéo - entendent interroger sur la notion de « secret » et sa toute-puissance. Les thématiques de Taryn Simon sont généralement orientées vers des thèmes politiques et sociaux : justice, génétique, sécurité, sciences… Ainsi, dans sa série la plus ancienne The Innocents (2002), Simon photographie des personnes injustement condamnées sur le lieu de leur arrestation ou encore - comme dans A Living Man Declared Dead and Others Chapters I - XVII (2008-2011) - des paysans dépossédés de leur terre ou des victimes du génocide en Bosnie. Sans être révolutionnaires, les grands panneaux de portraits en couleur de Simon ont belle allure. En revanche, une bonne partie de sa production - laquelle comprend outre les photographies des vidéos et des graphismes - se profile plutôt hermétique et pompeuse.

Hymenoplasty

Cosmetic Surgery, PA
Fort Lauderdale, Florida


Généralement, les œuvres sont accompagnées d’un texte-jargon pète-sec et plutôt difficile à déchiffrer [le titre même de l’expo « Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure » (bonjour la séduction stalinienne !) donne déjà un aperçu de la tonalité de l'expo]. Dans ce fourre-tout culturel de jeu de pommes l’on passera donc - un peu comme du coq à l’âne - d’une vidéo alambiquée de test de missile à l’interview mièvre de l’artiste à la télévision russe. Dans le genre typique propre à l’artiste plasticien de l’exercice boulimique, vain et stakhanoviste, la série Contraband (2010) mériterait le prix d'excellence. On peut y découvrir 1075 photographies d’objets illégaux auparavant entreposés dans les locaux des douanes américaines. Et il y a beaucoup d’autres choses à découvrir dans l’expo Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure (!) : un tigre blanc, des cartes postales, une unité de cryoconservation, des photos d’escargots, une salle de chirurgie… Au final, le tout se révèle plutôt indigeste et  maniéré, trop ancré dans la culpabilité occidentale de bon ton, ce qui peut interroger sur la créativité et les partis pris  de l’artiste. A chacun de juger !


Expo Florence Henri - Miroir des avant-gardes, 1927-1940
Expo Taryn Simon - Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure

Jeu de Paume
1, place de la Concorde
Paris 8e
Horaires : mardi (nocturne) (11 h-21 h) ; mercredi à dimanche (11 h-19 h), fermeture le lundi

jusqu’au 17 mai 2015

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