lundi 24 septembre 2012

Les Saveurs du palais




Comédie grinçante, inspirée en partie de faits réels et fruit d’un scénario d’Etienne Comar et Christian Vincent, Les Saveurs du palais nous plonge dans l’histoire d’une femme simple et rustique, spécialisée dans une cuisine de bon terroir à qui l’on propose du jour au lendemain de préparer les repas de l’homme le plus puissant de France.
Par un habile télescopage de l’image, Christian Vincent nous relate sa vie de simple cuisinière sur une base scientifique de l’Antarctique et ses deux années passées dans le temple le plus bling-bling de France.   Hortense Laborie, la cuisinière, est interprétée par Catherine Frot. Le climat du film dégage  naturellement un climat très « culinaire ». Dans un souci de réalisme, les mets nous sont présentés dans toute la séduction de leurs formes et couleurs. Les ingrédients, comme des secrets d’alcôve, y sont chuchotés en petit comité dans ce labyrinthe élyséen où le personnage d’Hortense se meut, improbable. Rythmé par le décorum de la résidence présidentielle et la beauté surannée des plats, ce curieux film plonge le spectateur dans le climat de religiosité qui baigne toute cette bouffe « royale ». Egalement, la dureté des rapports sociaux nous est suggérée dans ces Saveurs du palais.


© Tibo & Anouchka

Assez convaincante, Catherine Frot interprète cette cuisinière, cherchant à s’imposer dans un univers qui nous est décrit hostile, de façon feutrée, avec sa hiérarchie tatillonne et ses mesquineries administratives. La rivalité, qui oppose Hortense aux chefs de la cuisine centrale, recoupe subtilement une conception philosophique fondamentalement différente de l’art gastronomique. Et le souci constant d’Hortense - à la fois mère poularde et fée de la cuisine - de trouver les meilleurs produits naturels pour la bouche du président est mis habilement en parallèle avec le mépris hautain des tenants de la cuisine nouvelle et l’exaspération d’une partie du personnel devant ce perfectionnisme suspect. L’Elysée - certaines scènes des Saveurs du palais y ont été tournées - nous est présenté du point de vue de Hortense comme un lieu de stress et d’enivrement - la cuisinière devant toujours anticiper le désir (culinaire) du président.  A peine caricatural, Jean d’Ormesson y joue avec réalisme ce vieux président goûtant amoureusement la cuisine de Hortense. Cette nourriture, enrobée d’effluves littéraires, lui rappelle les mets de sa grand-mère. (Une scène cocasse nous montre ce chef d’Etat dévorer méticuleusement les truffes d’Henriette, un verre à la main, dans la cuisine de l’Elysée.)
Film surprenant, Les Saveurs du palais possède indéniablement un certain goût !

 durée : 1 h 35

 Les Saveurs du palais, un film de Christian Vincent, avec Catherine Frot, Jean d’Ormesson et Hippolyte Girardot


 © Tibo & Anouchka Catherine Frot (Hortense Laborie) et Jean d'Ormesson (le Président)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire