© Bertrand Exertier
La Corde - Théâtre Marigny
Tout cela sert de cadre à ce huis-clos machiavélique, dans lequel se faufile six comédiens rusés et instinctifs. Les personnages sont finement interprétés par des comédiens au ton juste. Audran Cattin (Louis) et Thomas Ribière (Gabriel) rentrent complètement dans la peau de ces deux jeunes intellectuels arrogants, commettant un meurtre par pur défi et convaincus de leur supériorité. Myriam Boyer est impayable dans le rôle de la mère snob, obnubilée par la réussite de son fils. Quant à Martin Karmann (le serrurier et voisin de Louis), il interprète un personnage drôle et savoureux d'amoureux transi.
© Bertrand Exertier
La Corde - Théâtre Marigny
Grégori Derangère joue finement le professeur Emile Cadell. Entre père de substitution et enquêteur acharné c'est à lui qu'incombe la difficile tâche au-delà du jeu de manipulation et des répliques mordantes de trouver un sens à la disparition du pauvre Antoine. Enfin, dans le rôle de la fiancée de la victime, Lucie Boujenah trouve un ton juste entre désarroi et recherche dans un imbroglio aussi macabre qu'ironique. Recouvert d'une nappe où trônent victuaille et boissons alcoolisées, le coffre, véritable autel, sert de lieu symbolique où convergent, à travers dialogues comiques et morbides, toutes les interrogations des invités.
© Bertrand Exertier
La Corde - Théâtre Marigny
Dans une intéressante progression narrative l'on suit cette intrigue poisseuse aux accents humoristiques qui se déroule dans un décor cosy magnifié par une lumière changeant subtilement au gré de l’action. Fine et suggestive, la mise en scène se fait tout au service du jeu des comédiens. Louis et Gabriel se rêvent en surhommes nietzschéens. Dans l'histoire face à leurs revendications belliqueuses le personnage Emile Cadell incarne le discernement, l'on pourrait dire le dernier rempart de la morale contre la volonté de puissance des deux jeunes hommes.
© Bertrand Exertier
La Corde - Théâtre Marigny
Il y a aussi dans l'adaptation de Lilou Fogli et Julien Lambroschini la reprise de l'idée lancinante dans Rope que le crime est « un acte esthétique ». (L'acte barbare de Louis se profile d'autant plus insolite et dérangeant qu'il semble être le fruit d'une réflexion philosophique.) Imprégné davantage par le texte de Patrick Hamilton que par le film de Alfred Hitchcock, ce spectacle à fort climat distille un suspense psychologique au couteau tout au cours de sa représentation !
durée : 1 h 40
La Corde, d’après la pièce de théâtre Rope de Patrick Hamilton
Adaptation : Lilou Fogli et Julien Lambroschini
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau
Avec Myriam Boyer, Lucie Boujenah, Audran Cattin, Grégori Derangère, Martin Karmann et Thomas Ribière
La Corde, d’après la pièce de théâtre Rope de Patrick Hamilton
Adaptation : Lilou Fogli et Julien Lambroschini
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau
Avec Myriam Boyer, Lucie Boujenah, Audran Cattin, Grégori Derangère, Martin Karmann et Thomas Ribière
Théâtre Marigny
Carré Marigny
Paris 8e
jusqu'au 28 décembre 2025
A lire :
Denali, de Nicolas Le Bricquir
http://blogdephaco.blogspot.com/2025/09/denali.html#more
Explosif d'Elise Wilk
Oleanna, de David Mamet
Contagion, de François Bégaudeau
Maladie de la jeunesse, de Ferdinand Bruckner
Le Garçon du dernier rang, de Juan Mayorga
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