Etui-nécessaire, attribué à Noël Hardvilliers, entre 1770 et 1780
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay
Tout au cours du XVIIIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle ces objets de luxe avaient un succès fou et la clientèle aisée qui les achetait était composée de la grande bourgeoisie, de l'aristocratie voire des plus grandes cours européennes. Enrichis de pierres précieuses, d'or ou encore de nacre ces objets consolidaient de nouvelles formes d’interaction sociale. Tabatières, étuis, éventails, lorgnettes ou boîtes à mouche bénéficiaient aussi de la solide réputation de maîtres orfèvres. A travers tous ces petits objets l'expo, bien conçue, nous oriente vers une histoire confidentielle du luxe version petit format.
L'on découvrira par exemple parmi les plus singuliers une boîte à musique (or, diamant, plume, email) au motif oiseau, un pistolet miniature se transformant en vaporisateur à parfum, un étui à cire prenant l'allure d'une asperge en porcelaine ou encore un drageoir se métamorphosant en un dromadaire en agate sculptée. Bien avant les surréalistes les contemporains des Lumières avaient un certain sens de l'excentricité et de l'humour, et l'art, le raffinement et le luxe faisaient particulièrement bon ménage. Oubliés aujourd'hui Joseph-Étienne Blerzy, Paul-Nicolas Ménière ou Johann-Christian Neuber étaient de véritables artistes à l'agenda plus que chargé.
Par exemple Johann Christian Neuber (1732-1808) - auteur de superbes petites tabatières en or, incrustées de jaspes et pierres semi-précieuses originaires de sa Saxe natale - était l’un des rares artisans germaniques, avec l’ébéniste David Roentgen ou l’orfèvre Joseph Würth, dont la renommée ait traversé les frontières. Au cours de la visite l'on peut voir d'ailleurs une de ses créations, une magnifique boîte en pierres dures créée vers 1780.
Pierres dures (agate, jaspe, onyx, cornaline, améthyste, pétrifications...), or, perles fines, émail, Paris, Musée Cognacq-Jay
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay
Ces marchands de luxe étaient évidemment très prisés des cours royales. Frédéric II, roi de Prusse, possédait ainsi près de trois cents tabatières, ornées d’une profusion de pierres précieuses, dont certaines nous sont dévoilées dans le parcours muséal. L’exposition a été conçue comme un véritable parcours découverte : les deux premières salles s’intéressent à la typologie et la variété de ces objets haut de gamme. De la tabatière, à la bonbonnière, en passant par le nécessaire à écrire ou à broder. La troisième salle détaille les usages et coutumes liés à ces mini objets précieux, comme par exemple l’histoire autour des lorgnettes, ces petites lunettes grossissantes qui permettent autant de voir que d’être vu ou encore le surprenant pistolet à parfum.
Drageoir en forme de tatou, Manufacture de Saint-Cloud, vers 1750
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay
Une autre salle embarque le visiteur dans le processus de fabrication. Innovations techniques, organisation des métiers, zoom sur les matières… Le travail des talents de l’époque est mis ici à l’honneur. Enfin, la dernière salle de l’exposition propose un contrepoint moderne en présentant des objets de la collection patrimoniale de Van Cleef & Arpels et la maison Fabergé datant du XXe siècle. Une expo à découvrir!
Expo Luxe de poche - Petits objets précieux au siècle des Lumières
Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzévir
Paris 3e
8 rue Elzévir
Paris 3e
horaires : du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
jusqu'au 29 septembre 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire