Leonetto Cappiello
Jeanne Granier
Quatrième de couverture du Rire,
n°213, décembre 1898, quatrième de couverture
© Atelier Cappiello / Stéphane Pons
Pour illustrer la première période de Cappiello l'expo du Musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq a rassemblé une centaine d’œuvres et de documents provenant de l’Atelier Cappiello, du musée d’Orsay et du musée des Arts décoratifs. A travers dessins, esquisses préparatoires, affiches et sculptures - dont plusieurs sont présentées pour la première fois - l'on perçoit l'importance du théâtre et de la figure féminine dans les représentations du jeune et ambitieux Italien, qui s'installe dès 1898 à Paris. L'année suivante sortira Nos actrices, un album de caricatures de Cappiello dans lequel figure 18 portraits en couleur des plus grandes comédiennes du moment. Comme l'écrit Caroline Oliveira*, soulignant la fulgurante ascension de cet autodidacte et travailleur acharné : « Le succès critique est au rendez-vous et Cappiello est érigé - à seulement vingt-quatre ans - en véritable "Maître" de la caricature»*.
Leonetto Cappiello
Puccini au piano
1898
Mine de plomb, pastel et fusain sur papier.
Publié dans Le Rire, n°191
© Atelier Cappiello / Stéphane Pons
Eloignées des portraits virulents de Forain ou de Daumier les caricatures de Cappiello ont quelque chose à la fois de flottant et de pimenté. L'on sent chez lui une connivence avec ses modèles illustres, comme s'il semblait vouloir les représenter dans leur entière liberté du paraître. « Je ne fais pas leur caricature [...]. J'essaie de dégager leurs caractéristiques, ce qui n'est pas la même chose [...] », confiait un jour Sem, autre affichiste et caricaturiste mondain de la même époque. L'on perçoit une semblable démarche chez Cappiello, qui aussi bénéficie d'un fort capital de sympathie chez sa clientèle comme le rappelle ainsi Nicholas-Henri Zmelty** : « Depuis la parution de sa caricature de l'actrice Réjane en couverture du Rire le 23 juillet 1898, Cappiello attire l'attention des vedettes de la scène, qui ont compris que sa logique n'était pas celle du portrait charge.
La correspondance de l'artiste est ainsi agrémentée de lettres dans lesquelles certaines comédiennes l'invitent à venir à leur rencontre.» Bien conçue et orientant le visiteur vers des oeuvres caractéristiques l'expo Cappiello caricaturiste est aussi l'occasion de se familiariser avec le style original du natif de Livourne à cette période charnière : portraits sans décors, gestuelle mystérieuse, élégance des traits, posture indécise, yeux en forme de points, aplats de couleur... Il en résulte à la fois un profond mystère et une beauté presque chorégraphique. Loin d'être des pantins, les personnages représentés par le futur créateur des affiches Kub (1931) et Dubonnet (1932) nous proposent une sorte de synthèse « théâtrale » du monde élégant des arts, du spectacle et des lettres d'avant 1914. A travers ces oeuvres en apparence simples et imprégnées de modernité, davantage que le snobisme, la gloire ou la célébrité, Cappiello en véritable metteur en scène semble vouloir communiquer (ou même la célébrer !) sur la belle et énigmatique énergie de ses modèles.
* Avant-propos de Caroline Oliveira, Cappiello caricaturiste 1898-1905, éditions in fine, 135 pages, 2024
** Nicholas-Henri Zmelty, chapitre Cappiello, point à la ligne (page 71), Cappiello caricaturiste 1898-1905, éditions in fine, 135 pages, 2024
Expo Cappiello caricaturiste (1898-1905)
Expo Cappiello caricaturiste (1898-1905)
Musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq
31 Grande Rue
L'Isle-Adam, Val-d'Oise
horaires : du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h, fermé le lundi et le mardi
jusqu'au 22 septembre 2024
31 Grande Rue
L'Isle-Adam, Val-d'Oise
horaires : du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h, fermé le lundi et le mardi
jusqu'au 22 septembre 2024
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