Dans le livre Tintin au-delà des idées reçues, Patrice Guérin, spécialiste d'Hergé, analyse 22 « fake news» touchant à l'univers du plus célèbre personnage de la bande dessinée belge. Bon nombre d'études et d'ouvrages ont été publiés à propos de Tintin et de son géniteur inspiré. Depuis la mort d'Hergé la « tintinologie » n'a fait que croître, notamment à travers la presse, les médias, les publications consacrées au fameux personnage à la houpette sans oublier les échanges sur Facebook. Très actif dans le milieu tintinologique depuis près de vingt ans Patrice Guérin dans un essai à la fois tonique et érudit décortique pour nous les principales contre-vérités concernant son héros favori et bien sûr son créateur.
Hergé et Raymond Leblanc, dans les années 1960.
Les jumeaux Léon et Alexis Remi à Bruxelles, en 1928.
Le second est accompagné de son épouse Elisabeth.
Quant au sujet délicat de l'amitié supposée entre le père de Tintin et le collaborateur notoire Léon Degrelle et celui de ses relations avec l'artiste et scénariste pronazi Jacques Van Melkebeke l'auteur y consacre deux chapitres. « On a raconté tout et n'importe quoi sur Hergé, et déjà de son vivant », rappelle dans son introduction Patrice Guérin, qui note que « dès les années 1950, certains s'imaginaient que le papa de Tintin était un vieillard à la barbe blanche, et que d'autres allèrent jusqu'à affirmer qu'il était mort et enterré ». Du couple chinois rencontré par Hergé pendant la préparation du Lotus bleu à la Castafiore chantant faux ; des premières insultes du capitaine Haddock à l'île Noire située sur la Côte d'Azur, Patrice Guérin commente avec malice et gourmandise les mille et une « fake news » accumulées durant des décennies sur les iconiques Aventures de Tintin.
La voix de Bianca Castafiore est injustement comparée à celle de
la chanteuse américaine Florence Foster Jenkins (1868-1944).
Tout le monde d'ailleurs peu ou prou aurait dès les années 30 crut reconnaître le vrai Tintin ou ses personnages cultissimes comme la Castafiore, le capitaine Haddock ou les frères Dupondt. Avec humour l'auteur nous rappelle que dès les années 1920-30 le look classique des fonctionnaires de police était d'arborer une moustache et un chapeau melon comme chez les Dupondt. Quand à celui du Tintin à la houlette, éternellement vêtu d'une casquette vissée sur la tête et des mêmes culottes de golf, c'était également un look très répandu à l'époque. Certains crurent même reconnaître Tintin en la personne du jeune scout et globe-trotter danois Palle Huld ou celle du journaliste français Robert Sexé, reporter de guerre dans les Balkans.
Le jeune Danois Palle Huld, ici à Paris. Le modèle de
Tintin au point de vue vestimentaire ?
Peut-être...
C'est à une savoureuse histoire de la désinformation que nous convie ce livre alerte dont l'auteur précise: « Si le présent essai contient quelques révélations inédites et surprenantes, remettant en cause certaines croyances ou thèses, beaucoup de mises au point que j'ai effectuées ne sont pas des surprises pour les tintinophiles les plus érudits. Pour ce faire j'ai notamment compulsé les meilleurs ouvrages, ce que ne font pas toujours les journalistes ou écrivains. Il est vrai que les profanes en la matière ont de quoi se perdre parmi les plus de 500 titres consacrés à Hergé ou à Tintin, sans compter les autres sources documentaires. » (page 197).
Patrice Guérin, Tintin au-delà des idées reçues - 22 contre-vérités sur Hergé et son oeuvre, essai illustré/Histoire de la bande dessinée, éditions Les Impressions nouvelles, 208 pages, 2024
* visuels et légendes du livre Tintin au-delà des idées reçues (éditions Les Impressions nouvelles)
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