Les métiers disparus reprennent des couleurs

Dans Les métiers disparus reprennent des couleurs Régis Granier  nous propose un vaste panorama de ces  « artisans du quotidien » de la Belle Epoque. S'inscrivant dans la  collection La vie d'autrefois des éditions Sud-Ouest  ce livre nous familiarise avec ces professions marquantes, du briquetier au scieur de long en passant par le postillon et l'arracheur de dents !

Marchande des quatre saisons

Auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire régionale, Régis Granier explore passionnément dans ce livre cette saga des métiers disparus ou « en voie de disparition ». Bon nombre de ces professions faisaient floraison dans nos campagnes à la veille de la Première Guerre mondiale. A travers cartes postales et images anciennes  Les métiers disparus reprennent des couleurs nous convie à découvrir ce  monde d'échanges commerciaux aux couleurs sépia dans lequel chaque métier dénotait d'un puissant rôle d'utilité sociale :

Faucheur

du Fournier, indispensable maillon du village, s'occupant des fours à pains à l'Ecrivain public, soutenant la partie de population illettrée,  dans sa correspondance familiale et administrative, en passant par la   « demoiselle du téléphone », nouveau personnage né avec le développement des centraux... A travers ces illustrations d'époque l'on perçoit l'infinie variété de ces métiers dont bon nombre aujourd'hui nous laissent sur une impression à la fois cocasse et exotique comme le coquetier, marchand ambulant proposant de porte en porte oeufs et volailles ou le fontainier, dont le livre nous signale que c'était un homme important, car responsable de la distribution de l'eau.

Servante

Si certains métiers cités dans le livre continuent d'exister (facteurs, domestiques, mineurs, sabotiers, bûcherons), la plupart ont disparu,  ancrés dans une histoire  ancienne comme la gardienne d'oies, le pianiste et l'accessoiriste, chargés de l'animation des salles de cinéma diffusant les films muets, ou encore le crieur public, chargé de « crier » les informations destinées au village. A notre époque, qui valorise avec raison le bien-être animal, certaines professions recensées dans l'ouvrage  pourront paraître bien cruelles comme le tueur de porcs ou plus méconnu, le dentiste de porcelets.

Mineurs

Ce « dentiste animalier » était chargé sur les places de marché de casser incisives et canines à l'aide d'un clavier spécial pour mettre les porcelets dans l'impossibilité de mordre leurs congénères expédiés par chemins de fer. Plus drôle  le tétaïre, davantage une fonction qu'un métier. L'auteur écrit :   « L'homme chargé de cette fonction travaille à côté de la nourrice, si l'on peut dire, car il s'agit du ''téteur" en titre. 

Lavandière

Il venait, en effet, mettre en route l'allaitement lorsqu'il y avait un problème [...] Dans tous les cas, le tétaïre est soit un vieillard, soit un "simplet" que l'on chasse avec quelque monnaie sitôt la besogne terminée. » (page 93). De tous ces métiers oubliés, perdus le plus souvent dans  la mythologie pastorale du passé, ce livre  fait un  savoureux tour d'horizon, nous rappelant au passage la persistance de la culture populaire à la fin du XIXe siècle et à la veille du premier conflit mondial.  

 

Régis Granier, Les métiers disparus reprennent des couleurs. Meunier, sabotier, lavandière et autre petit trottin,  Beau Livre, broché, grand format, éditions Sud-Ouest,  collection La vie d'autrefois, 123 pages, 2024 

Bûchetiers