lundi 24 avril 2023

New York des peintres et des écrivains



Dans l'ouvrage New York des peintres et des écrivains, l'historienne de l’art  Françoise Bayle retrace  à travers une passionnante Anthologie illustrée  plus de quatre siècles d’histoire de la Big Apple ! 
Dans un  extrait d'un passage de cette Anthologie, l'on peut lire l'éloquente vision de la ville par Paul Auster dans Cité de verre (1985), qui écrit à propos d'un de ses personnages :  « New York est un espace inépuisable, un labyrinthe de pas infinis et, aussi loin qu'il allât et quelle que fût la connaissance qu'il eût de ses quartiers et de ses rues, elle lui donnait toujours la sensation qu'il était perdu. Perdu non seulement dans la cité mais tout autant en lui-même.  »

Wriley De La Prelette
Bowery, New York
Vers 1837-1839, huile sur panneau de bois, 63 x 50,8 cm
New-York Historical Society, New York

Entre citations choisies et tableaux à la modernité urbaine le New York des peintres et des écrivains de Françoise Bayle nous embarque dans un voyage littéraire à travers cette fameuse mythologie new yorkaise, toujours un peu imprégnée d'une certaine grandiloquence et d'une poésie mélancolique et douce. Celle par exemple d'un Edward Hopper, qui. dans ses tableaux restitue la beauté architecturale mais aussi, comme chez Auster, le  parfum  de solitude de la ville.  Bien conçu et agréable à la lecture cette Anthologie, richement illustrée, puise dans la littérature et la peinture, du XVIIe siècle à nos jours.

Colin Campbell Cooper
Broad Street, New York (détail)
Vers 1904, huile sur toile, 142 x 99 cm
Collection particulière

Outre le grand nombre d'artistes  qui ont célébré par leurs toiles la Grosse Pomme,  cet ouvrage de près de 250 pages nous rappelle  la fascination des écrivains   français pour New York : de Louis-Ferdinand Céline à Paul Morand, de Claude Simon à Simone de Beauvoir en passant par Philippe Delerm, qui  écrit,  enthousiaste et visionnaire, dans son récent New York sans New York (2022) : « C'est [New York] une royauté un peu effrayante dépourvue du charme de l'ancien profond, mais c'est ainsi. Londres et Paris sont deux villes fascinantes, mais New York est la ville. »

Gifford Beal
Métro aérien
Columbia Avenue, New York
1916, huile sur toile, 92,7 x 123 m
New Britain Museum of American Art, New Britain

Tentaculaire, inhumaine, mais jouissive... C'est le ressenti de John Dos Passos dans cet autre extrait de  l'Anthologie, tiré de Manhattan Transfer (1925)   :   « Ce qu'il y a de plus terrible quand on ne peut plus supporter New York, c'est qu'on ne sait pas où aller. C'est le sommet du monde. La seule ressource est de tourner en rond, comme un écureuil dans sa cage.» C'est une ville qui déçoit autant qu'elle séduit ! Diane Arbus, William Klein, Joel Meyerowitz et bien d'autres street photographers ont  capté  subtilement  l'essence  ambivalente de cette ville qui ne dort jamais.

Carl Gustaf Nelson
Central Park (détail)
1934, huile sur toile, 81 x 111,8 cm
Smithsonian American Art Museum, Washington

Tous les textes réunis dans ce livre nous montrent le rapport  passionnel  entretenu entre la ville et tous ces auteurs cosmopolites : Edith Wharton, Edgar Allan Poe,  Thomas Wolfe, Jack Kerouac, Henry Miller, Tom Wolfe. Lyrique et imagée,  la prose du Sénégalais Léopold Sédar Senghor exprime ainsi sa vision de New York  dans cet extrait d' Ethiopiques.  « A New York  » (1956) :

Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets,
tandis que les Klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, 
tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants

Françoise Bayle (textes), New York des peintres et des écrivains, anthologie, grand format, éditions Hazan, 240 pages, 2022















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire