lundi 5 juillet 2021

Solo


Avec Solo Artemio Benki (disparu en 2020) propose un documentaire à la fois étrange et profond sur le parcours de vie d'un pianiste argentin, retrouvant sa liberté après un séjour à l'hôpital psychiatrique.
Pianiste renommé, ayant eu à son actif 300 représentations, Martin Perino passa quatre années dans un établissement psychiatrique argentin. A la suite d'une dépression, il fut diagnostiqué schizophrène paranoïaque. En décembre 2014, le réalisateur Artemio Benki  le rencontra pour la première fois et eut l'idée originale de  filmer son parcours.  Solo  est le fruit de cette rencontre insolite et amicale. 

Solo

Et sans doute la grande force de ce film intimiste, nourri de confidences et de dialogues, est de nous suggérer sans impudeur et par petites touches les fêlures et les fragilités qui ont conduit Martin Perino au grand craquement intérieur.  Sans voyeurisme Artemio Benki  nous propose là un véritable voyage/enquête à travers la subjectivité d'un individu.  Les raisons précises  qui ont conduit  Martin Perino à être interné ne nous sont jamais clairement énoncées au cours du documentaire. L'essentiel semble être ailleurs. En fait,  l'enfermement de Perino   pose - dans toute son acuité - le problème de la place de l'artiste dans le monde.

Solo

Ses confidences -  qu'il  distille chichement au réalisateur, du moins au début,  nous suggèrent que sa vie de pianiste célèbre a été plombée dès l'origine par les problèmes d'ego et une quête éperdue de reconnaissance familiale, qui vicieusement se serait prolongée  dans l'espace de la reconnaissance sociale.  L'on perçoit  au cours de ce tournage qui a duré 3 ans un réel climat  réciproque de confiance entre Perino et Benki.  (Dans une note d'intention du documentaire   ce dernier avait d'ailleurs signalé qu'il avait lui-même connu un parcours psychiatrique  lors de son enfance et de son adolescence.) Avec beaucoup de naturel Perino joue son propre rôle.

Solo

Personnage jovial et philosophe, son  attitude offre un intéressant contraste avec l'environnement pesant de l'établissement psychiatrique, abritant des patients  plus gravement atteints. Egalement,  Benki ne se contente pas de filmer les rencontres de Perino avec l'environnement médical et les autres pensionnaires. Il nous montre l'Argentin sortir progressivement de son cocon empoisonné.  Il nous le fait découvrir revenu  à la vie civile, cherchant inlassablement un établissement pour jouer du piano. A la fois cruelle et heureuse cette quête éperdue de la création, cette recherche d'un absolu artistique semble bien être le fil conducteur du film Solo.  Subtilement et avec un certain sens esthétique le réalisateur  nous propose avec Solo un long métrage à la fois humaniste,  incisif et touchant  !  

durée : 1 h 25

Solo, un film de Artemio Benki, documentaire, 2019

Avec Martin Perino

Solo

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