lundi 3 juin 2019

Titanic Rising, le nouvel opus de Weyes Blood




3 ans après Front Row Sea To Earth (2016) Weyes Blood sort Titanic Rising, un disque riche et mélodique, entre pop folk atmosphérique et rock arty, dans la plus pure tradition des seventies.

C’est le 4e opus de Natalie Mering, plus connue sous le nom de scène de Weyes Blood. Depuis ses débuts discographiques - The Outside Room (2011) - la chanteuse californienne distille une musique très personnelle à l’écart des modes actuelles (electro, rap, pop) à travers des compositions originales et ciselées. Weyes Blood, c’est d’abord une voix puissante et aérienne, dans la grande tradition des chanteuses mélodiques comme Nico, Joni Mitchell, Loreena Mc Kennitt ou Tori Amos. Comme chez les deux dernières le timbre s’affiche volontiers imagé, sépulcral mais sans prétention, s’orientant chez Blood vers un folk gothique ou des rivages classiques ou  psychédéliques. Composé de 10 titres, Titanic Rising est un disque à la fois méditatif et engagé où la chanteuse aborde des thèmes sombres comme l’adolescence rebelle, la fin du monde ou la menace écologique. Paradoxalement, cet univers, plutôt anxiogène, passe à travers des balades romantiques d'un calme olympien comme le légèrement orchestré « Something » ou « A Lot’s Gonna Change », morceau marqué par un chatoyant piano-voix et de sourdes envolées d’orgues. Seul titre véritablement enjoué  de Titanic Rising « Everyday » est traversé par un pimpant pop rock aux sonorités psychédéliques, renvoyant à l’époque des Beatles. Les autres chansons renvoient au climat général de l’opus, introspectif et littéraire, comme les sombres  « Titanic Rising » et « Movies » qui rappellent  l'aquatique « Coral Room » de Kate Bush sur Aerial (2005). (Sur le 1er titre la musique   sonne comme la  légère pop cosmique de  The Alan Parsons Project.) Outre la qualité du chant, on notera celle des arrangements. Subtilement accompagnée de chœurs ou d’échos légers, mais évitant les effets un peu faciles style Enya Blood utilise sa voix comme un véritable instrument, sur un mode de performance à la fois léger mais toujours incisif.  (Fille de chrétiens plus que pratiquants, c’est dans les églises évangélistes de Pennsylvannie que Nathalie Mering a appris le chant.) La pop  baroque sur « Andromeda » et son lancinant crescendo guitare/claviers/batterie entraîne l’auditeur vers d’intéressants rivages  psychédéliques, folk et West Coast.  Quant à l’aventureux et chatoyant « Mirror Forever », il se distingue par d'élégantes harmonies  entre sonorités space et envolées d’orgues. Par cette capacité naturelle à  plaquer ingénieusement son timbre sur des sonorités d'orgues ou de synthés Blood parvient à un parfait équilibre entre minimalisme et rythmologie hypnotique.  En cela elle est très proche de ce que font actuellement deux des plus intéressantes chanteuses et auteures-compositrices : la Suissesse Anna Aaron  http://blogdephaco.blogspot.com/2019/03/pallas-dreams-le-nouvel-opus-de-anna.html#more et la Suédoise Anna von Hausswolff http://blogdephaco.blogspot.com/2016/01/the-miraculous-le-nouvel-opus-danna-von.html.  Quant à « Wild Time » et son classieux crescendo guitare/piano/batterie aux sonorités space/canterbury il possède le même charme délicieusement suranné des premiers disques de Robert Wyatt. Au final Titanic Rising s'avère un disque plein de charme et nous confirme que Weyes Blood est  une des chanteuses les plus talentueuses du moment.

Titanic Rising, Weyes Blood,  label Sub Pop, 2019

Weyes Blood



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