Un an après l’excellent The Night Siren l’ex-guitariste de Genesis Steve Hackett sort un nouvel opus ambitieux intitulé At The Edge Of Light. Avec ce dernier l’icône britannique de la guitare nous propose un CD à la fois lumineux (musique) et sombre (textes) aux confins du prog rock et de la world music.
C’est – déjà ! - le 26e disque solo du gentleman de la prog music depuis le 1er Voyage Of The Acolyte (1975). Dans At The Edge Of Light, qui compte 10 titres, l’on retrouve certains fidèles de la planète Hackett comme Rob Townsend (saxo,flûte, duduk, clarinette), Amanda Lehman (chant), Gary O’Toole (batterie) ou encore Paul Stillwell (didgeridoo).
Steve Hackett
Outre ses performances guitaristiques qui l’ont fait connaître, Hackett se profile aussi un efficace chanteur au timbre voilé et un peu bluesy comme on peut l’entendre par exemple sur des nouveaux morceaux comme « Beats in Our Time » ou « Those Golden Wings » On retrouve dans At The Edge Of Light le style habituel de Hackett : très rock, exotique et orchestré, potentiellement funky avec des textes plutôt engagés ou philosophiques. Comme Peter Gabriel, le guitariste introduit depuis longtemps des éléments world dans sa musique chamarrée. Et At The Edge Of Light est sans doute son opus le plus « world » avec des titres dansants mêlant astucieusement rythmiques tribales et accents prog comme dans le yessien « Under the Eye of the Sun » ou l’exotique «Shadow and Flame». Malgré quelques titres un peu prévisibles (« Fallen Walls and Pedestals », « Hungry years) le disque affiche une belle cohérence et se révèle par sa grande variété très agréable à l’écoute. A la fois mélodique et varié « Underground Railroad » (chanson sur le thème de l’esclavage) est un des titres les plus prenants. Entre dobro, harmonica et chœurs, il flirte entre soul et blues puis s’oriente vers des rivagess heavy/prog et West Coast style The Eagles. « Those Golden Wings » est aussi un intéressant morceau avec ses incursions classisantes aux chœurs orchestraux (on sent le léger parfum du Carmina Burana de Carl Orff (1895-1982) !) et ses parties raffinées de guitare électrique. L’opus se termine par une suite instrumentale (« Descent », »Conflict », « Peace »). Comme King Crimson ou Mott the Hoople avant Hackett a été inspiré par l’emblématique « The Planet » de Gustav Holst (1874-1934). [Ce dernier avait choisi de représenter en musique les 7 planètes de notre système solaire (sauf la Terre) et de décrire le caractère de chacune d’entre elles, en fonction du nom des dieux de la Mythologie romaine qu’on leur a donné.] La réinterprétation du morceau par Hackett se révèle puissante et émotive avec des percussions tribales et de belles stridences de guitare. A l’image des interrogations philosophiques sur les forces de lumière et d’obscurité qui parcourent At The Edge Of Light cette suite élégante et sombre reflète symboliquement toute la complexité et la force suggestive de la musique de Hackett. Au final At The Edge Of Light se révèle un excellent opus, assez proche pour l’esprit de The Night Siren (2017).
At The Edge Of Light, Steve Hackett, Inside Out, 2019
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