lundi 14 mai 2018

V.O.




Dans V.O.,  livre tour à tour joyeux, introspectif et critique, l’actrice et metteuse en scène Mathilda May évoque son parcours artistique.


Dès le début de V.O. Mathilda May avertit le lecteur : « Ni mes proches ni ma famille ne savent ce que je retiens de ma carrière d’actrice. Mes amis, mes enfants n’ont aucune idée de ce que j’ai traversé. Et pour cause : je n’en parle jamais ». C'est bien connu :  les confidences et  souvenirs d’actrices font les délices  des fans et des éditeurs. Quant à leur contenu,   en règle générale, il laisse plutôt à désirer : succession d’anecdotes décousues, confidences susurrées, souvent règlements de comptes narcissiques. Le tout se révèle souvent fastidieux, car le lecteur novice est invité le plus souvent à déchiffrer à travers ces bribes de confessions, souvent tardives, l'inadéquation supposée de la star avec son image médiatique  déformée. Heureusement, V.O échappe à ces travers. A la fois pertinent, limpide et original, c'est un livre qui frappe avant tout par sa fraîcheur d’esprit et par le regard vive, drôle et piquant de la principale intéressée sur son parcours artistique de 30 ans. Après des études de danse classique, Mathilda May devint à partir des années 80 une actrice célèbre. Délaissant peu à peu sa carrière cinématographique, elle s’orientera plus tard vers l’écriture et la mise en scène de spectacles de théâtre. Sans aucunement adopter une position cassante ou revancharde, son livre nous rappelle au passage que contrairement à leurs homologues mâles les comédiennes passé l'âge de 40 ans ont beaucoup plus de mal à trouver  des rôles intéressants au cinéma.  Féministe sans aigreur, elle raconte  les mille et une petites vexations gratuites qui jalonnent son parcours de femme dans sa carrière cinématographique. Cataloguée très tôt comme actrice sexy, Mathilda May sait visiblement de quoi elle parle. Cependant, V.O frappe avant tout par un ton  de bonne humeur.  May a l’intelligence de relater dans son livre  les bons côtés de cette vie consacrée au cinéma (rencontres humaines,  pays visités) et ceux moins avenants (les stéréotypes engendrés par la  médiatisation). La rencontre de grands cinéastes comme Claude Chabrol ou Werner Herzog ou celle du musicien  Prince figurent parmi ses souvenirs marquants. Née elle-même dans un milieu artistique (mère danseuse et père (Victor Haïm) auteur de théâtre, elle nous dit également tout sur ses passions : théâtre,  danse,  musique... Très intéressant, son témoignage constitue à la fois un document humain fort et par ailleurs bien écrit ainsi qu'une éloquente et redoutable description des milieux cinématographiques.

Mathilda May, V.O., éditions Plon, 358 pages, 2018

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