lundi 5 mars 2018

Expo Corot - Le peintre et ses modèles



Actuellement au Musée Marmottan l'on peut découvrir plus de 60 peintures de Camille Corot (1796-1875). L'expo présente un ensemble rare de ses oeuvres soulignant toute la modernité de l'artiste, friand de portraits intimes et de nus évocateurs.


On a réduit souvent l'activité créatrice de Corot à des paysages paisibles et romantiques en diable. A travers de multiples tableaux, cette figure marquante du préimpressionnisme nous a en quelque sorte habitués à des décors champêtres inondés de lumières avec des arbres vaporeux et des maisons flottantes. Cette expo intitulée Corot - Le peintre et ses modèles nous présente résolument une face créatrice moins connue du peintre.

© Hamburger Kunsthalle / bpk Foto: Elke Walford
Le Moine au violoncelle, 1874, Huile sur toile, 72, 5 x 51 cm.

Elle nous révèle le fameux portraitiste, auteur aussi bien de toutes petites effigies que de monumentales figures de fantaisie, comme la Femme à la perle du Louvre. Ce dernier tableau a d'ailleurs une histoire étonnante. En effet, c'est une transposition, toute personnelle, de La Joconde.  Le modèle, Berthe Goldschmidt, est vêtu d'une des robes italiennes rapportées par Corot de ses voyages. A travers cette série de tableaux très léchés on serpente tout au long du parcours muséal quelque part entre réalisme et romantisme.  Outre sa  famille Corot  a souvent représenté des amis peintres (comme François Auguste Biard) ou même leurs enfants ou femmes. Ainsi, dans « La Dame en bleu » il peint Emma Daubigny. Dans ce tableau il abandonne les costumes exotiques italiens ou issus de la Grèce antique pour peindre simplement la femme de Charles Daubigny en robe de son temps.

© Washington, National Gallery of Art
Le Repos dit aussi Bacchante au tambourin, 1860, repris vers 1865-1870, 
Huile sur toile, 57, 8 × 101, 6 cm.

On découvre aussi des modèles comme la Marietta ou L'Odalisque romaine, rappelant La Grande Odalisque d'Ingres ; des nus mythologiques assez étranges, comme La Bacchanale à la panthère inspirée de la Renaissance vénitienne. Moins nombreux, les portraits d'hommes nous présentent entres autres d'énigmatiques moines, l'un lisant, un autre jouant au violoncelle (Le Moine au violoncelle, 1874).  Toutes ces figures semble être réunies par une mélancolie diffuse très baudelairienne.  Elles nous paraissent plongées en pleine méditation, souvent le regard vague, parfois la tête seulement soutenue par une main.

Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
La Femme à la perle, vers 1868-1870, Huile sur toile, 70 x 55 cm.

Leurs gestes semblent nous suggérer un certain abandon comme la jeune femme de La Lecture interrompue  ou Le Moine au violoncelle. C'est probablement par l'expression implicite de cette forme d'absence, de ce sentiment d'étrangeté des  modèles à eux-mêmes que cette peinture de Corot se révèle profondément moderne, préfigurant en cela d'autres artistes à venir comme Vallotton, Derain, Balthus ou Bacon. Quoique d'une génération antérieure à celle des Degas,  Cézanne et autres Manet  ce contemporain de Delacroix porte en lui ce parfum d'avant-gardisme. En tout cas, l’exposition semble mettre en évidence le rôle essentiel que jouent les figures de Corot dans l’émergence de la peinture moderne.

Expo Corot - Le peintre et ses modèles
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly
Paris 16e
horaires : tous les jours (sauf lundi) : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu'à 21 h

jusqu'au 8 juillet 2018

Jean-Baptiste Camille Corot, La Bacchante à la panthère, vers 1855-1860 – Huile sur toile, 54,6 x 95,3 cm – Don anonyme, en mémoire d’Harry Payne Bingham - Shelburne, (Vermont), Shelburne Museum - © Collection of Shelburne Museum, Shelburne, Vermont, anonymous gift, in memory of Harry Payne Bingham, inv. 1993-30 (27.1.1-226)







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