Dans Les métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot, Chloé Folens scrute l’œuvre du grand cinéaste français, soulignant les innombrables passerelles entre le parcours labyrinthique d’une vie et les thèmes fétiches de l’auteur célèbre du film Le Corbeau.
Quoique Henri-Georges Clouzot n’a réalisé que 11 longs métrages (sans compter L’Enfer, inachevé), son œuvre est considérée comme une des expériences cinématographiques les plus troublante et moderne du XXe siècle. Spécialisée en histoire et en théorie du cinéma, Chloé Folens décortique dans un livre passionnant l’univers de ce réalisateur, qui fut constamment - on le sait moins - nourri par la littérature, la peinture, la musique, et même la graphologie !
L’œuvre de Clouzot se révèle brutalement émotionnelle et parfaitement construite, jouant souvent de la radicalité des points de vue des personnages avec un souci de raffinement dans le style cinématographique. Que ce soit un univers à la Kafka (Les Espions, 1957) un fait divers (L’assassin habite au 21, 1942) ou un drame conjugal délicieusement tordu (Les Diaboliques, 1955), Clouzot aime provoquer chez le spectateur un sentiment de malaise. L’auteure nous rappelle que dans les années 30 Clouzot passa quatre années dans un sanatorium à noircir des carnets, des récits intimes et autres bribes de dialogues.
Elle écrit : « Déjà s’y affirment [les écrits] son cynisme, son goût de la réplique incisive et cinglante, son mépris de l’hypocrisie bourgeoise, son obsession du temps, de la mort et de l’amour. » De L’assassin habite au 21 à La Prisonnière (1968), ce livre nous convie à un voyage intime, artistique et habité dans le monde d’un réalisateur à la fois maître du suspense (comme Hitchcock) et chantre désabusé des mœurs de son époque (comme Chabrol).
Chloé Folens, Les métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot, éditions Vendémiaire, collection « Cinéma », 304 pages + 32 pages d’illustration, 2017
A signaler :
expo Le Mystère Clouzot + rétrospective de ses films à la Cinémathèque française (Paris 12e)
du 8 novembre 2017 au 29 juillet 2018
Henri-Georges Clouzot en 1968
Elle en souligne la profonde cohérence artistique, et nous propose de nombreux repères biographiques. Clouzot a toujours eu une réputation de pessimiste visionnaire un peu malsain. Manon (1949) est un portrait à charge de la société d’après-guerre. Dans Le Corbeau, son film le plus abouti, il décrit au vitriol une petite ville de province et ses habitants, empêtrée dans des mesquineries haineuses à la suite de la diffusion massive de lettres anonymes, répandues par un mystérieux « corbeau » qui jouit de la souffrance d’autrui.
Héléna Manson dans Le Corbeau
L’œuvre de Clouzot se révèle brutalement émotionnelle et parfaitement construite, jouant souvent de la radicalité des points de vue des personnages avec un souci de raffinement dans le style cinématographique. Que ce soit un univers à la Kafka (Les Espions, 1957) un fait divers (L’assassin habite au 21, 1942) ou un drame conjugal délicieusement tordu (Les Diaboliques, 1955), Clouzot aime provoquer chez le spectateur un sentiment de malaise. L’auteure nous rappelle que dans les années 30 Clouzot passa quatre années dans un sanatorium à noircir des carnets, des récits intimes et autres bribes de dialogues.
Simone Signoret et Paul Meurisse dans Les Diaboliques
Chloé Folens, Les métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot, éditions Vendémiaire, collection « Cinéma », 304 pages + 32 pages d’illustration, 2017
A signaler :
expo Le Mystère Clouzot + rétrospective de ses films à la Cinémathèque française (Paris 12e)
du 8 novembre 2017 au 29 juillet 2018
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