C’est le second livre pour lequel David Hockney, figure majeure de la pop culture des années 60, collabore avec le critique d’art Martin Gayford. Enrichie de plus de 300 illustrations, de Van Eyck à Lartigue en passant par Titien, Degas, Hopper, Viola et bien d’autres, l’ouvrage séduit par sa masse d’informations et l’angle original de réflexion proposé par les auteurs.
Commentant tous deux des « images », de supports diversifiés - toile, papier, écrans de cinéma et de Smartphones - ils nous en proposent d’audacieux rapprochements tels l’éclairage hollywoodien et la peinture du Caravage ou encore la proximité d’une toile de Hopper avec le film Psychose d’Hitchcock. Les observations de ces deux spécialistes « généralistes » se profilent fort instructives, parfois amusantes, et contribuent au grand charme de ce livre doté par ailleurs d’une très belle iconographie.
David Hockney, Autoportrait à la guitare bleue, 1977
Huile sur toile. Musée d’Art moderne, Fondation Ludwig, Vienne
Photo Richard Schmidt David Hockney
Au-delà même de l’œuvre - de sa valeur marchande ou esthétique - et de sa place subjective dans la très longue histoire de l’art, c’est au fond toute la disposition de l’image à être séductrice et universelle, sa propre façon de fonctionner comme une pure communication - de façon excessive l’on pourrait dire qu’elle constitue un média à elle toute seule -, qui semble passionner les auteurs et susciter leurs réflexions. Egalement, le critique et l’artiste montrent comment les arts interagissent, évoquant par exemple la présence fréquente de la photographie dans les ateliers des peintres au cours du XIXe siècle.
Juan Fernandez, « El Labrador », Deux grappes de raisin suspendues, 1628-30
Huile sur toile. Musée du Prado, Madrid
Dans cette vaste « rencontre » avec l’image, nous sommes invités à en scruter les innombrables passerelles (tableaux, mise en scène de cinéma, photographie…) ainsi que les influences mouvantes qui rattachent les artistes à cette image. Ainsi, à propos du peintre chinois Zeng Fanzhi (né en 1964) Martin Gayford écrit ceci : « La production d’images s’adressant aujourd’hui à la Terre entière, l’Orient influence l’Occident, et l’Occident, l’Orient, mais ni l’un ni l’autre ne conserve une identité distincte. Par exemple, Zeng Fanzhi, un grand peintre chinois contemporain, réalise des œuvres en rapport avec la peinture orientale classique, mais qui semblent également connectées avec Jackson Pollock. » […] (page 294)
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