Entre parure et sculpture, le bijou apparaît à bien des égards comme un Ovni artistique, sans doute entaché dans l’inconscient collectif d’une imagerie frivole voire arrogante, pour avoir trop longtemps côtoyé les sphères - un peu trop voyantes - du luxe et de l’argent roi. Sans trop « sociologiser » la bête précieuse, l’expo MEDUSA a le mérite en tout cas de vulgariser son propos, informant le visiteur sur l’histoire mondiale du bijou à diverses époques. Elle en scrute les multiples symboliques religieuses, hiérarchiques, politiques, sexuelles et culturelles.
Karl Fritsch, Bague, 2006
Argent oxydé, pierres fines
Collection Ville de Cagnes-sur-Mer
© Karl Fritsch © Collection Ville de Cagnes-sur-Mer
Des bijoux romains - ayant valeur de monnaie - aux excentriques et inquiétantes bagues des bikers californiens en passant par les bijoux piercing ou fantaisie, la nouvelle expo du Musée d’Art moderne jette un sacré coup de projecteur sur ce petit objet ornemental a priori insignifiant et assez méconnu. Les créations anonymes y côtoient celles des plus célèbres comme Calder, Man Ray, Fontana, Dali ou Niki de Saint-Phalle. Egalement, l’expo permet de découvrir une vaste et intéressante série de bijoux contemporains provenant d’artistes et de designers. La haute joaillerie est naturellement représentée (Cartier, Van Cleef & Arpels, Victoire de Castellane), présentant des objets de parure (broche, boucle d’oreille, pendentif…) ouverts autant à l’imagination qu’au luxe.
© Estate of Evelyn Hofer © 2017 Calder Foundation New-York / ADAGP, Paris
Evelyn Hofer, Anjelica Huston portant The Jealous Husband (vers 1940) d’Alexander Calder, 1976, Photographie.
Au cours du parcours, l’on pourra aussi découvrir les installations d’une vingtaine d’artistes contemporains (Mike Kelley, Leonor Antunes, Jean-Marie Appriou, Liz Craft…). Chacun d’eux à sa façon interroge sur le mode ludique cette problématique de l’ornement ainsi que sa matérialité (si proche du corps), propre au bijou. Qu’elle s’exprime par le raffinement ou un certain humour surréaliste, la diversité de ces œuvres (bijoux et autres) séduit. L’on signalera entre autres Karl Fristch, Sylvie Auvray (des masques désopilants !), Vivienne Westwood, Line Vautrin et Meret Oppenheim (un bracelet métal en fourrure !). Au final, une expo plaisante et instructive, mettant en exergue le pluralisme des créateurs de bijoux ainsi que la beauté formelle, l’humour et l’imagination de leurs réalisations.
Expo MEDUSA, Bijoux et tabous
Musée d’art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président-Wilson
Paris 16e
horaires : lundi (fermé), mardi au dimanche : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 22 h
jusqu’au 5 novembre 2017
Expo MEDUSA, Bijoux et tabous
Musée d’art moderne de la ville de Paris
11, avenue du Président-Wilson
Paris 16e
horaires : lundi (fermé), mardi au dimanche : 10 h-18 h, nocturne le jeudi jusqu’à 22 h
jusqu’au 5 novembre 2017
A signaler :
Colloque autour de MEDUSA (jeudi 12 octobre de 10 h à 18 h) dans la salle Matisse du Musée
Un groupe d'étudiants de l'AFEDAP (Ecole de bijouterie) accueille le public au sein de l'exposition, discute et échange impressions et interrogations sur les oeuvres et les artistes (jeudi 19 octobre de 18 h à 22 h)
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