lundi 23 janvier 2017

Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant de sa filmographie



Dans un essai intitulé Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant de sa filmographie, la journaliste Claire Micallef tente de cerner la persona du plus célèbre des acteurs italiens d’après-guerre.


Même si ce n’est pas son premier film, La Dolce Vita (1960) propulsa Mastroianni à la célébrité dans un rôle de latin lover, à la fois dandy nonchalant, séducteur et nihiliste. L’auteure de ce livre, truffé d’informations pointues sur la filmographie de cet acteur archétype italien, nous propose une analyse fine doublée d’un portrait en jeu de pistes de cet acteur/personnage à la fois pitre et tragique, qui souvent peut nous apparaître au fil de ses films égotiste, amical, lâche, charmant ou même benêt. Mastroianni  aura tout joué : latin lover embourgeoisé dans L’Assassin (1961), dandy métaphysique dans Huit et demi (1963), maçon méfiant dans Drame de la bourgeoisie (1970), homosexuel morose dans Une journée particulière (1977)… L’essai se profile d’autant plus intéressant qu’il s’attache derrière la profusion des masques (souvent grimaçants !) à établir des passerelles et chercher les cohérences entre tous ces personnages incarnés par Mastroianni.

Marcello Mastroianni, dans Hier, aujourd'hui et demain (1963)

Et l’on comprendra mieux, justement à cause de l’apparente extrême banalité des personnages interprétés par l’acteur, comment ce dernier a pu tant fasciner et donner envie de jouer dans leurs films à tant de réalisateurs italiens de premier plan, comme Fellini, De Sica, Monicelli, Scola, Antonioni ou Ferreri. Les personnages de Mastroianni ont souvent une forte dimension sociologique. Ainsi, le dandy séducteur de La Dolce Vita symbolise une affirmation masculine typique des années d’après-guerre où plaisir et consommation sont mis en avant. Quant au petit bourgeois inconsistant, avachi et résigné de Dommage que tu sois une canaille (1955) - dont le personnage préfigure sur un mode comique le Ferdinand Rey de Cet obscur objet du désir (1977) -, il laisse entrevoir un miroir déformant des classes populaires à travers l’image ambiguë de « l’Italien moyen ». Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant s’avère un livre fort instructif, en outre agrémenté de nombreuses photos de tournages. Il « croque » à la fois l’acteur et le personnage, tout en esquissant à travers près de quatre décennies cinématographiques le portrait intimiste d’une Italie particulièrement bigarrée.

Claire Micallef, Marcello Mastroianni, le latin lover au miroir déformant de sa filmographie, éditions Aedon, La Septième Obsession, collection « Icones », 132 pages, 2016

Marcello Mastroianni, dans La Dolce Vita (1960)

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