A l’occasion de la grande rétrospective qui lui est consacrée à Evian, puis à Paris, l’ouvrage Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque retrace le parcours d’un des peintres les plus brillants et novateurs de la scène artistique parisienne et européenne.
Aujourd’hui un peu oublié, Albert Besnard fut pourtant de la fin du XIXe siècle jusque dans les années 1920 au carrefour des modernités picturales. Plus d’un siècle après sa mort, une expo à Evian lui rend hommage présentant un large choix de son œuvre (plus de 150 tableaux, pastels et gravures). Et le catalogue - richement illustré - qui lui est consacré nous renseigne de façon détaillée sur l’évolution stylistique du peintre et sa vie.
Portrait de Camille Barrère, 1906
huile sur toile 2,22 x 1,53 m
Palais Farnèse /Rome/A. Besnard 1906
Petit Palais, musée des Beaux-arts de la ville de Paris
D’emblée, l’image de Besnard désoriente un peu : quoique complètement engoncé dans les honneurs et les mondanités - il fut le portraitiste incontournable du Paris littéraire, artistique et politique -, ce décorateur des édifices les plus prestigieux de la IIIe République (Petit Palais, l’Hôtel-de-Ville, mairies parisiennes) se révèle un artiste unique, touchant et visionnaire. Sous une forme thématique, Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque nous révèle toutes les subtilités de ce peintre, qui - entre autres - fut influencé par certains postimpressionnistes, les coloristes anglais et par les préraphaélites. Toute la diversité de son œuvre se profile dans ce livre à travers ses portraits intimes (amis, famille, notables), ses gravures à l’eau-forte souvent imprégnées d’une certaine morbidité ou encore à travers ses tableaux orientalistes marqués par l’onirisme et une modernité picturale.
Tristesse, eau-forte et aquatinte sur cuivre, juillet 1887
44,2 x 30,5 cm (feuille), 15,2 x 10 cm (coup de planche), collection particulière
Besnard est fasciné par le mystère de la femme (ses portraits méditatifs en clair-obscur marqués par la psychologie), par les couleurs de l’Orient - comme Delacroix ou Gauguin - (ses tableaux qui exaltent la couleur, du rose à l’orangé !) ou encore par l’histoire et les costumes (son méticuleux tableau Procession de bienfaiteurs et de pasteurs de l’église de Vauhallan (1870). Egalement, la simplicité de l’univers familial et bourgeois est une thématique très présente dans son œuvre. Marié à la sculptrice Charlotte Dubray, Besnard fut le père de trois enfants, qui tous poursuivirent une carrière artistique.
La Vérité, entraînant les Sciences à sa suite, répand sa lumière sur les hommes, 1890
huile sur toile 0,945 x 0,895 m,
Petit Palais, musée des Beaux-arts de la ville de Paris
Il fut très proche d’écrivains et de journalistes de la mouvance littéraire symboliste tels que Camille Mauclair, Gustave Kahn ou Georges Rodenbach. A propos de cet artiste inclassable à la modernité aussi séduisante qu’inhabituelle, Christine Gouzi (1) écrit : « Créateur solitaire, séparé du troupeau des autres peintres par l’originalité de son art, Besnard aurait été surtout admirable de n’appartenir à aucun mouvement ni groupe artistique ». Evocant le charme mystérieux de sa peinture, Marianne Grivel (2) en souligne toute l’originalité : « Tour à tour chantre de la lumière et de la vie ou poète mélancolique, Albert Besnard traduisit ses états d’âme avec lyrisme, parfois sensualité, souvent, mais non sans gravité » […]
(1) Christine Gouzi « Les modernités d’Albert Besnard », p.14, Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque
(2) Marianne Grivel « La part d’ombre d’Albert Besnard : l’œuvre gravé », p.54, Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque
Catalogue Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque, ouvrage collectif, Palais Lumière Ville d’Evian / Somogy, 300 pages, 2016
A signaler :
Expo Albert Besnard (1849-1934) Modernités Belle Epoque présentée au Palais Lumière d’Evian jusqu’au 2 octobre 2016 puis au Petit Palais à Paris, du 25 octobre 2016 au 29 janvier 2017
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