Ecrite et réalisée par Richard Linklater [Fast Food Nation (2005), Boyhood (2014)], la comédie Everybody Wants Some !! évoque les pérégrinations cocasses d’une bande d’étudiants obsédée par qu’une chose : le base-ball et les filles.
Déjà dans Dazed and Confused (1993), qui évoquait la vie pittoresque d’un petit lycée de province des années 70, Richard Linklater abordait le thème de l’adolescence. Dans son nouveau film Everybody Wants Some, il dresse le portrait coloré d‘adolescents un peu plus âgés. L’histoire se déroule au début des eighties, période dont le réalisateur américain voue une nostalgique passion. Cette dernière transparaît sous la forme cinématographique, notamment avec la reconstitution méticuleuse des vêtements, des intérieurs et des lieux festifs de l’époque. Egalement, Linklater parsème son long métrage d’anciens tubes emblématiques de la radio américaine, de Foreigner à Cheap Trick, en passant par Van Halen, dont le refrain typiquement hédoniste donne le nom et toute sa coloration fêtarde au long métrage. Entre disco, country, pop metal et punktitude, le héros de l’histoire Jake et sa bande de copains nous trimbalent dans le circuit bigarré des lieux festifs de la musique des années 80.
Film « assez autobiographique » selon le réalisateur, Everybody Wants Some se profile sur le mode gouailleur et décontracté de la comédie américaine pur jus. Le film fonctionne un peu comme une sorte d’hymne masculin jouissif à la liberté sexuelle et aux plaisirs alcoolisés dans le cadre bien délimité de l’université américaine. Sans prétention et parfois amusant, le scénario de Linklater relate le premier week-end au campus d’un jeune de 18 ans (Jake), à la veille de la grande rentrée scolaire. Sexe, bière, fumette, rock, défonce dans le sport… Dans ce film percutant à la rythmologie rapide, un peu graveleux (les dialogues) et surtout parodique, Linklater nous décrit sur le mode déjanté une fraîche communauté d’étudiants d’horizons divers, réunie par une passion sauvage pour le base-ball, par l’excitation de la drague et par le goût immodéré pour les jeux débiles et les blagues potaches. Spontanés, les acteurs - dont la plupart sont peu connus - se révèlent plutôt convaincants dans leurs dialogues à la fois fleuris et ciselés où chacun joue avec talent son personnage (le dragueur, le nerveux, le conciliant, le naïf…).
Certainement sincère, le film n’en reste pas moins ambigu, notamment dans la sympathie sans concession que semble vouer le cinéaste à ces adolescents plutôt minimalistes. En effet, les personnages portent trop haut leur médiocrité (par les clichés simplets et sexistes qu’ils véhiculent) pour faire croire au spectateur à leur chronique gentillette post soixante-huitarde style sex, sun and see. D’autant plus que la réalité du paysage universitaire américain contredit déjà depuis plusieurs décennies cette image idéalisée d’hédonisme baba-cool originaire de Californie. Sans même évoquer les débordements estudiantins à l’occasion des Spring Break finissant parfois mal, le harcèlement sexuel et les viols dans les campus américains constituent hélas un fait de société majeur. (D’après les derniers chiffres, une étudiante sur cinq serait victime d’une agression sexuelle dans les campus aux USA.) Malgré cette petite réserve, le film porté pour une large part par la spontanéité de ses jeunes acteurs se révèle convaincant dans sa façon humoristique de traiter les grandes « testéroniques » transhumances ados, juste avant le rappel à l’ordre du monde adulte et du retour des classes.
Everybody Wants Some !!
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