Avec Un monde violent Maxime Caperan signe un premier long métrage cru et réaliste avec comme toile de fond la délinquance et l'effritement du monde rural. Orienté autour d'une histoire de braquage et de ses conséquences malheureuses le film, au titre des plus éloquents, raconte le parcours accidenté de deux frères, Paul et Sam. Le scénario noir de Maxime Caperan et Thomas Finkielkraut nous laisse autant transparaître une violence physique que psychologique.
Et, à travers le portrait fragmenté de Paul et Sam, deux frères aussi différents de caractère mais liés par une alchimie secrète, le réalisateur semble avoir voulu brosser le portrait d'une certaine France, plutôt rurale et appauvrie, celle justement prédisposée à une brusque entrée dans les démons de la délinquance. Pour le rôle de l'aîné le cinéaste a choisi Félix Maritaux que l'on avait pu voir dans Solo (2023) de la Québécoise Sophie Dupuis.
Un monde violent
Avec brio l'acteur interprète un personnage sanguin et flambeur un peu vantard, écartelé entre ses rêves de vie facile et une relation sentimentale d'autant plus problématique que pèse une menace de la révélation du braquage. Quant à Kacey Mottet-Klein, que l'on avait pu découvrir dans Le Vourdalak (2023) de Adrien Beau, il interprète finement un personnage à la fois secret et frondeur, vivant à la fois dans l'ombre d'un frère protecteur et dans le désir d'une nouvelle vie.
Un monde violent
Même si Un monde violent n'est pas à proprement parler un film politique, surfant plutôt entre film de genre et drame familial, il rappelle les images fortes d'actualité comme celles des piquets de grève des Gilets jaunes ou les témoignages télévisuels de petits agriculteurs aux abois. Dans le film la petite amie de Paul - interprétée avec réalisme par Olivia Côte - vit dans une ferme agricole fantomatique, coincée entre un mari exploitant (Frédéric Saurel) à l'hôpital et une fille (Bonnie Duchauvelle) poursuivant laborieusement à domicile un cursus agricole.
Subtilement et sans misérabilisme, le réalisateur entrecroise toutes ces solitudes éparses dans une forme cinématographique soutenue, ouverte aux scènes de nuit blafardes et plongeant le spectateur dans la grisaille provinciale d'entrepôts et d'autoroutes. Dans Un monde violent Paul et Sam sont magasiniers dans une usine de la Creuse.
Les raisons pour lesquelles les deux frères braquent le camion de smartphones destinés à l'entrepôt où ils travaillent restent floues, donnant la sensation au spectateur que cette violence latente, à la fois torrentielle et imprévisible, peut exploser à tout moment. C'est sans doute dans cette dimension toute suggestive, notamment à travers le portrait ambivalent de ses personnages principaux, que ce film crépusculaire et en suspens retient toute l'attention.
durée : 1 h 25
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