Avec Le choix du pianiste, film au climat entre chien et loup, Jacques Otmezguine propose une réflexion incisive sur l'ambivalence amoureuse et les choix artistiques avec comme toile de fond le conflit de la Seconde Guerre mondiale et ses poisons.
Durant la Seconde Guerre mondiale, François Touraine, jeune pianiste prodige, n’a d’autre choix que de partir jouer en Allemagne pour sauver la femme qu’il aime. Car Rachel est juive dans une époque qui ne le permet plus… Une grande histoire d’amour, de musique et de résistance à travers le temps et les affres de l’Occupation et de l’antisémitisme (Synopsis).
Le choix du pianiste
Durant la Seconde Guerre mondiale l'univers de la musique a été profondément affecté par l'occupation allemande et les circonstances de l'époque. Chamboulée et soumise à toutes sortes de restrictions, cette vie culturelle a notamment continué à exister publiquement même si certains compositeurs et musiciens refusant de jouer sous l'Occupation ont choisi la voie des concerts clandestins. Le déchirement de François est particulièrement bien décrit, notamment dans une scène où il assiste médusé quelques années avant le grand conflit mondial à l'exclusion de musiciens juifs de l'orchestre de l'Opéra d'Etat de Berlin.
Dans un jeu subtil tout en révolte et en intériorité Oscar Lesage paraît crédible dans le rôle de François Touraine, jeune homme ayant choisi de partir jouer en Allemagne pour protéger de la déportation, Rachel, son enseignante juive emprisonnée. Quant à Pia Lagrange, elle interprète finement cette mère de substitution, à la fois muse et amante, déchirée entre son amour et ce nouvel engagement au Parti communiste, qui lui enjoint d'apporter la musique aux plus défavorisés. Enfin, l'on signalera Zoé Adjani, interprétant avec justesse un personnage moderne de femme amoureuse (Annette) prête à tout au lendemain de la guerre pour sauver la réputation du pianiste calomnié.
Ecrit minutieusement par Jacques Otmezguine, le scénario s’étend sur trois décennies et sans pesanteur historique le réalisateur à choisi d'entrecouper son film avec des images d'archives. La passion de François pour le piano et son ascension sociale progressive nous est contée à travers la description d'une famille de la haute bourgeoisie d'affaires. Dès le début du long métrage Le choix du pianiste propose une réflexion perçante sur l'utilité et le rôle de l'artiste dans la société, notamment à travers le conflit entre François et son père monsieur Touraine, interprété avec brio par Philippe Torreton dans le rôle d'un entrepreneur tyrannique considérant que le piano ne doit être dévolu qu'aux femmes.
A travers les différentes périodes de l'histoire l'on suit certains personnages de cette famille déclassée. A travers celui de Madame Touraine (la mère) interprétée par Laurence Côte et celui de Thérèse (la soeur) interprétée par Marie Torreton le réalisateur de Prunelle blues questionne les drames et conflits véhiculés par l'antisémitisme et la Collaboration. Qu'il soit d'ordre familial, amoureux ou artistique le conflit dans Le choix du pianiste se profile en couleur sépia. Et face à la guerre, à l'amour, à son entourage et à sa patrie les choix et les émotions de François nous sont suggérés à travers un film au climat raffiné et à la forme classique, nous invitant subtilement à deviner la position problématique du personnage principal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire