Le Havre ne se résume pas seulement au brillant et controversé architecte Auguste Perret (1874-1954)! A travers de nombreux immeubles et pavillons, dans le plus pur style Art déco, l'histoire architecturale de la ville témoigne aussi du Havre des Années folles. Dans un intéressant ouvrage intitulé L'Art déco au Havre et ses alentours Christine d'Aboville et Patrick Bertrand explorent une part méconnue du patrimoine havrais.Style international par excellence l'Art déco s'est répandu rapidement dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Bruxelles mais aussi dans des villes moyennes comme Reims, Lille ou Saint-Quentin.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Le Havre et ses alentours ne fait pas exception, et dans ce beau livre des plus instructifs les deux auteurs ont exploré sous toutes les facettes ce patrimoine exceptionnel (et souvent méconnu), fleuron du Mouvement moderne. Pour analyser ce phénomène tant social et esthétique à l'apogée durant les années 20 et connaissant de subtils prolongements lors de la décennie suivante Christine d'Aboville et Patrick Bertrand ont retenu outre l'architecture la place importante du décor et du mobilier. Ils nous convient donc à une véritable déambulation à travers la ville et ses alentours englobant villas modernes, immeubles de bureaux, bâtiments industriels, cités jardins, cinémas ou encore lieux stratégiques (école, commerce, piscine, concession automobile) contribuant à donner au Havre ce cachet si particulier.
Ainsi, dans ce livre guide, l'on pourra découvrir la belle succession de villas et d'immeubles résidentiels de style transatlantique situés sur le boulevard Albert-Ier. Sur l'un d'eux (au numéro 40) les balcons en forme de passerelle de paquebot invitent à profiter de la vue sur la mer. L'Art déco au Havre et ses alentours nous rappelle à la fois le raffinement, la vitalité et l'ambition sociale, qui préside à travers la réalisation de ces bâtiments prestigieux. La notion de voyage, de plaisir n'est jamais d'ailleurs très éloignée ici d'un certain fonctionnalisme. A propos d'un immeuble moderne sis au 152 boulevard Clemenceau et dessiné en 1938 par Henri Daigue l'on peut lire : « [... ] L'immeuble, vu sa hauteur, est doté d'un ascenseur. Le hublot de l'angle au rez-de-chaussée et les passerelles qui courent sur la presque totalité de chaque étage permettent de jouir du spectacle de la mer et de l'entrée du port, et rappellent ces fameux paquebots qui franchissaient régulièrement les digues. L'architecte havrais se rapproche aussi, par ce biais, des réalisations de ses grands confrères parisiens tels que Patout ou Le Corbusier » (page 66).
Patrick Bertrand, Christine d'Aboville, L'Art déco au Havre et ses alentours, Architecture/Histoire/Patrimoine, grand format, 160 pages, 2024
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