Avec Good one, India Donaldson, dont c'est le premier long métrage, signe un film délicat et dérangeant. Entre minimalisme bucolique et non-dits familiaux la réalisatrice américaine questionne le fossé entre générations.
Sam, 17 ans, préférerait passer le week-end avec ses amis, mais elle accepte de rejoindre son père Chris, dans la région des montagnes Catskills de l’Etat de New York. Un endroit paradisiaque où Matt, l’ami de toujours de Chris, est hélas également convié. Méticuleusement, le film de India Donaldson nous raconte cet étrange périple en pleine nature dans lequel marche quotidienne, évènements et blessures psychologiques viennent se téléscoper. Dans ce film atmosphérique l'on signalera la prestation fine de Lily Collins dans le rôle de la gamine adulte cherchant à percer le mystère des deux figures paternalistes qui l'accompagnent. La tonalité de Good one se profile d'autant plus curieuse que l'on sent que le personnage de Sam n'est qu'un membre périphérique du groupe, cherchant sans doute par-delà la bienséance et le positionnement ambigu d'une écoute empathique à s' y éclipser mentalement. Pour illustrer des thèmes comme le malaise adolescent ou le conflit des générations India Donaldson n'a pas eu besoin de recourir à des personnages trop stéréotypés. Et respectivement Danny McCarthy (un acteur de théâtre chevronné) dans celui de l'ami un peu lourdaud et James LeGros - que l'on avait pu voir dans l'insolite comédie Showing Up (2022) - dans celui du père se glissent naturellement dans des personnages crédibles avec une part d'ombre et de lumière.
L'aspect intime et réaliste de Good one passe par une forme cinématographique toute en progression narrative qui peut être conçue comme un véritable puzzle psychologique et poétique. Et la réalisatrice semble interroger à la fois le lien très fort entre ce père et sa fille ainsi que tout ce qui les oppose, par exemple au niveau de la perception d'évènements familiaux récents ou anciens. La force suggestive du long métrage semble passer essentiellement par des regards, des expressions, des hésitations, des silences sans oublier une musique flottante bien à l'image du film. Evoluant entre légèreté et tension ce curieux road movie intimiste ne donne pas vraiment d'indication au spectateur.
Dans Good one la beauté luxuriante et l'atmosphère contemplative de la forêt sert d'écrin à des questions sur la famille, la vie, l'amour. Comme mode principal de communication India Donaldson semble avoir privilégié l'infiniment petit, le raffinement du détail que cela passe par les dialogues, la diversité des paysages ou l'aspect routinier que cette randonnée à trois personnages peut impliquer. C'est aussi un film incisif et dérangeant qui laisse percer sous des dehors nonchalants l'inconfort ou même la révolte qui habite par moments trois personnages répugnant à exprimer leurs émotions sous une forme véhémente. Petit film artisanal, Good one est un film intéressant, poétique, « habité » mais sans pathos. En cela il peut distiller un certain ennui mais aussi une forte séduction.
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