Ce livre s’inscrit dans la collection « Grand Paris » dédiée à l’Art Nouveau et à l’Art Déco à Paris et dans les villes de la région parisienne. Richement documenté et illustré, cet ouvrage a été écrit sous la direction de trois auteurs : Maurice Culot, architecte, urbaniste et éditeur belge, spécialiste des courants Art Nouveau et Art Déco, grand connaisseur de l’œuvre d’Albert Laprade, l’architecte de la maison du Moulin Fidel ; William Pesson, architecte et historien français de l'architecture, membre du groupe d'architecture Arcas ; Charlotte Mus, enseignant-chercheur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris La Villette.
Le Vrai Arbre de Robinson.
La guinguette existe depuis le XIXe siècle et a
été agrandie en 1927 par l'architecte L. Clément-Camus.
lithographie couleur sur papier, imprimerie Charaire, 29 cm x 20,4 cm, s.d.,
collection du Domaine de Sceaux, inv. 85.19.6
Le principal intérêt de cet ouvrage à l'iconographie riche et très variée est de nous montrer sous une forme attrayante et chronologique la progressive transformation sociale, urbanistique et architecturale de cette ville située juste à quelques kilomètres au nord-ouest de Paris. La ville était déjà réputée bien avant ses emblématiquess cités-jardins. Les auteurs de l'ouvrage notent : « Au XVIIIe siècle, Le Plessis et le cadre naturel luxuriant qu'il offre attirent de plus en plus de riches Parisiens en quête de repos. Ils ont l'avantage d'être proches de la capitale.» (page 34). A l’aube du XXe siècle, la ville appelée alors « Le Plessis-Piquet » est encore un village de 549 habitants (recensement 1901), mais dans lequel le quartier de Robinson, qui abrite désormais plus d’une trentaine d’établissements, guinguettes, restaurants, loueurs d’ânes, prend une renommée et une importance croissante.
Les fameuses cabanes en bois de Robinson ont pour origine l'intuition marketing d'un restaurateur de la ville qui eut l'idée d'accueillir ses convives dans les branchages, à l’image de la vie des Robinson suisses du roman de JD.Wyss paru en 1813. Il ouvrit la même année le Grand Robinson, un bal-restaurant avec des cabanes en bois reliées par un escalier. Ce fut un énorme succès et il fut bientôt rejoint par d’autres restaurateurs qui voulurent ouvrir leurs guinguettes de Robinson. Le Plessis-Robinson est connu pour avoir a été un centre important d'expérimentation sociale de l'habitat. Les premières cités-jardins y ont été construites dans les années 20 sous la direction de l'architecte Maurice Payret Dortail (1874-1929).
Cité basse
rue Lucien Arrufat, construite dans les années 1920-1930, sur les plans de Maurice Payret-Dortail.
© Julien Fontaine
De nos jours encore, outre les jardins mis à la disposition des locataires, l’ensemble de la « cité-basse » comprenant 217 logements se caractérise par des bâtiments à taille humaine, formés par des pavillons individuels ou de petits immeubles collectifs. L'on retrouve cette ligne architecturale familière aux accents Art Déco et résolument moderniste à travers ces bâtiments aux lignes cubiques et toits terrasses, avec façades sobres mais discrètement décorées de frises sculptées et de fenêtres ovales. Après la Seconde Guerre mondiale le paysage urbain de la ville est profondément transformé au profit de logements sociaux nettement plus basiques.
C'est la période dévastatrice des grandes barres d'immeubles. Durant les Trente Glorieuses la ville sous mandat communiste, surnommée « Plessis la Rouge » n'y a pas 'échappé pas comme beaucoup d'autres de banlieue (Bagneux, La Courneuve ou Arcueil) mais de façon plus atténuée au bétonnage le plus laid. Néanmoins, l'ouvrage recense au cours de ces décennies quelques constructions novatrices. L'Eglise Sainte-Marie-Magdeleine 1(966) en est un bon exemple. Imposant édifice de béton, l'on peut y découvrir à l'intérieur un cadre sobre et raffiné. Quant à l'hôpital Marie Lannelongue, édifié entre 1974 et 1976, c'est un bâtiment accrochant l'oeil par sa robuste modernité.
Photographie de Daniel Barreau montrant le lac et sa maison construite en 1930.
Archives de Marie-Monique Barreau
C'est l'oeuvre de Jean-Roux Spitz, le fils même de Michel Roux-Spitz (1888-1957), architecte français très en vogue dans les années 1930 et un peu oublié aujourd'hui, que l'on situe généralement entre l’art déco et le modernisme de Le Corbusier. (Avec son vocabulaire architectural simple et élégant - hublots, bow-windows, toiture terrasse, pierre blanche/granit noir - le père offrait à la vue un style peut être sans prétention et trop (?) fidèle aux canons de la modernité de l'époque mais en tout cas toujours plaisant et indémodable !!) L'ouvrage nous apprend que ce n'est qu'à la fin des années 70 qu'une nouvelle politique ambitieuse de rénovation urbaine vit le jour au Plessis-Robinson.
rue du Capitaine Chalvidan
Georges Demay et Jean Festoc architectes,
d'après les plans dressés par Maurice Payret-Dortail.
Devant, une Peugeot 404 Pininfarina, modèle à injection, peinture métallisé, intérieur cuir.
© Charlotte Mus
Depuis cette période jusqu'à aujourd'hui la ville s'est beaucoup transformée dans la conception même des espaces publics avec la création de petites places, de rues bordées de plantations, d''espaces d'eau (étangs, cascades). Cohérente acec les impératifs environnementaux et conviviaux de notre époque le Plessis-Robinson a semble t-il chercher à privilégier tout ce qui peut contribuer à humaniser un espace urbain à l'échelle de l'homme : promenades des berges, ponts, passerelles, fontaines, kiosques à musique, sculptures, revêtement du sol... Et ses nouveaux quartiers semblent d'autant plus s'intégrer dans l'espace urbain que le cadre esthétique proposé se profile agréable et sans prétention.
Double maison de la Cité haute
35 et 37 rue du Moulin Fidel
Georges Demay et Jean Festoc architectes,
d'après les plans dressés par Maurice Payret-Dortail.
© Charlotte Mus
On pourrait citer dans cet esprit-là la nouvelles cité-jardin au bord de l'eau - elle a été conçue autour d’une rivière d’un kilomètre de long, maisons et immeubles se partageant l’espace avec un parc - ou le Nouveau marché édifié en 2006 par Jean-Christophe Paul. Signalons au passage le bâtiment de la Maison des Arts (2013-2016), édifié par le même architecte, qui abrite les activités culturelles de la ville. (Ce spectaculaire palazzo italien situé en plein centre-ville du Plessis-Robinson détonne certes un peu par son style classique - voire pastiche ! mais ne laisse pas indifférent!) Au final, l'on recommandera vivement ce livre doté d'une très belle iconographie et qui met particulièrement en valeur le caractère novateur de renaissance urbaine de cette ville de banlieue, finalement assez méconnue.
L'on pouvait lire récemment sur le site ville-ideale.fr cet anonyme et enthousiaste commentaire, parmi de nombreux autres, rappelant entre autres l'impulsion environnementale et écologique de la commune:
Ville de proche banlieue avec une vraie qualité de vie. Ville particulièrement bien conçue pour les enfants : écoles bien équipées, activités extrascolaires variées, moments festifs bien pensés, belle médiathèque avec de nombreux documents bien choisis, parcs, rivière, étangs et espaces verts dans toute la ville. Ville où il fait bon vivre quelque soit l'âge ! Il faut la découvrir à pied.
106, rue de Malabry
Pierre Sirvin architecte, 1958-1972.
Archives municipales du Plessis-Robinson, permis de construire
Carton Année 1968, de 13 à 28, photographie
Le Plessis-Robinson Art Nouveau - Art Déco - Renaissance urbaine
AAM Editions, cartonné sous jaquette 304 pages, 2021
Sous la direction de Maurice Culot et de William Pesson
Charlotte Mus (recherches et textes)
Photographies contemporaines de Charlotte Mus, Julien Fontaine, France de Griessen
Charlotte Mus (recherches et textes)
Photographies contemporaines de Charlotte Mus, Julien Fontaine, France de Griessen
Jardins familiaux
entre les avenues Gabriel Péri et Pierre Brossolette.
© Julien Fontaine
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