A la Halle Saint Pierre (Paris 18e) l'on peut découvrir près de 200 oeuvres de Malcolm de Chazal, poète, écrivain et peintre (1902 -1981). Imprégnée de mystère, à la fois simple et complexe, l'expression picturale de cet artiste exceptionnel entraîne le visiteur au coeur même de l'identité et de l'âme mauricienne. « La couleur est un corps de chair où un cœur bat », écrit Malcom de Chazal.
Encore méconnu du grand public en France, Malcolm de Chazal est un peintre rare échappant aux classifications simples même si l'oeuvre a des affinités certaines avec l'art naïf ou l'art dit « brut ». L'élan mystique et la vision d'une nature impérieuse et ensorcelante qui se dégage de ses tableaux peut nous orienter vers les langueurs voyageuses d'un Gauguin ou d'un Sérusier mais aussi vers la beauté stylisée d'un Matisse, qui lui aussi puisait son inspiration colorée dans des motifs simples et universels.
Les toiles de Malcolm de Chazal sont sillonnées d'arbres, d'oiseaux, de fleurs, de fruits, de montagnes, d'ustensiles de cuisine, de villages de pêcheurs...Visage emblématique de l'île Maurice et disparu il y a plus de 40 ans Malcolm de Chazal est connu pour ses poèmes, ses contes et ses textes de nature philosophique aux accents mystiques. Et sa peinture bigarrée, pétrie de joie et d'une certaine volupté, n'a pourtant pas cette fixité certes délicieuse et esthète que l'on peut repérer par exemple chez les plus grands comme Dufy, Miro ou même Matisse.
C'est une oeuvre ambivalente que l'on devine animiste et que peut percevoir à la fois comme calme et remuante car charriant sous son apparente nonchalance des thèmes forts comme : l'identité, le corps, le pays, la nature, le rapport à la vie... Dans Demi-confidences* l'artiste évoquait en vingt-sept fragments sa jeunesse, son éducation réfractaire à toute autorité, sa relation à l’Ile Maurice, à Dieu, aux femmes, à la création et à la poésie. Il y réaffirmait l’art comme moyen de connaissance ou encore son lien, viscéral, à la peinture.
Les surréalistes, Breton en tête, ne s' y 'étaient pas trompés. Ils avaient déjà perçu cette fougue dans les textes de Malcolm de Chazal : « Il y a là une proposition neuve… On n'avait rien entendu de si fort depuis Lautréamont. », affirmait Breton à propos de Sens plastique (1947), un emblématique recueil de pensées et d'aphorismes. Rien. d'étonnant car pour de Chazal l'écriture fusionnait complètement avec l'art de peindre.
L'expo de la Halle Saint Pierre est l'occasion de découvrir cette puissante et lumineuse oeuvre respirant de vie et de poésie. A propos de ce « monde » l'universitaire Françoise Py écrit : «Chazal propose un univers réconcilié, respirant la paix et souvent la gaieté, une gaieté à la Lewis Carroll ou à la Desnos qu'attestent même les titres : Le Poisson a rejeté son bikini, Le Dodo revient de ses noces, Vogue mon bateau, Le Coq décontracté. »
Expo Malcolm de Chazal
Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard
Paris 18e
horaires : du lundi au vendredi de 11 h à 18 h / samedi de 11 h à 19 h /
dimanche de 12 h à 18 h
jusqu'au 19 janvier 2025
* Malcolm de Chazal, Demi-confidences, réédité aux éditions Allia, 80 pages, 2024
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