© Fabienne Rappeneau - Glenn, naissance d'un prodige
Ivan Calberac s'est penché sur ce destin exceptionnel et a eu envie de raconter cette histoire tragique, privilégiant un angle intimiste mais aussi médiatique. Bon nombre d'artistes célèbres (pour le meilleur ou le pire) ont trouvé leur vocation dans un environnement familial compliqué. Et sans doute, le cas le plus emblématique reste celui de Amadeus Mozart, mort à trente-cinq ans. (Enfant prodige, évoluant sous la coupe familiale, le génie autrichien fut produit en public dès l'âge de sept ans à travers l'Europe.) L'histoire de Glenn Gould frise étrangement avec bon nombre de nos thèmes d'actualité : l'inceste, la maltraitante familiale, la solitude ou encore la médiatisation excessive des artistes.
© Fabienne Rappeneau - Glenn, naissance d'un prodige
Sous une forme théâtrale légère, typiquement anglo-saxonne, Glenn, naissance d'un prodige nous suggère sans didactisme toutes les fragilités de cette condition. Le spectacle aborde avec finesse ce parcours chaotique, dès la période de l'enfance. Dans une intéressante progression théâtrale la pièce met en exergue la place controversée de cette mère étouffante (et probablement incestueuse), que, selon Ivan Calberac , Glenn n'a jamais réussi à tuer symboliquement. Le spectacle évoque cette vie éclair (Gould meurt à 50 ans), dans lequel l'artiste, du jour au lendemain, va devoir composer avec les plaisirs mais aussi les souffrances morales que lui apporte la célébrité.
© Fabienne Rappeneau - Glenn, naissance d'un prodige
Les insomnies du pianiste, son caractère hypocondriaque, son aversion à caractère phobique du public, tout cela nous est révélé à travers les échanges compliqués - mais toujours très polis ! - de Gould avec son entourage. Dans un livre intitulé Glenn Gould: The Ecstasy and Tragedy of Genius, le psychiatre américain Peter Oswald suggéra qu’une partie du comportement de Gould, apparu à la fin de son enfance et durant son adolescence, ressemblait à la condition appelée syndrome d’Asperger. Sous ses aspects d'éternel Peter Pan le personnage de Glenn Gould nous apparaît comme un génie coincé dès l'enfance, certes parvenant à réaliser une carrière musicale exceptionnelle mais condamné finalement à la solitude la plus violente.
© Fabienne Rappeneau - Glenn, naissance d'un prodige
Thomas Gendronneau est un comédien musicien. Il se glisse avec beaucoup de naturel et de sensibilité dans ce personnage décalé et exceptionnel, coincé entre son ambition musicale et une timidité maladive. Sans verser dans la caricature, il se faufile dans la peau de cet artiste fragile et perfectionniste, allant même jusque' à reproduire sa gestuelle, sa démarche et son jeu pianistique si particulier comme sur l'émouvant Variations Goldberg. Dans son personnage de mère bizarre et surproductrice Josiane Stoleru se profile très convaincante, distillant un climat permanent de cruauté et de drôlerie à travers ses multiples interactions entre son fils Glen et Jessie, la cousine aimante et idéaliste.
© Fabienne Rappeneau - Glenn, naissance d'un prodige
Lison Pennec interprète ce personnage sacrificiel et en retrait avec beaucoup de talent. L'on signalera aussi la justesse de jeu des autres personnages de la pièce comme ceux de Bert (le père indécis de Glen), de l'imprésario bienveillant ou du rusé directeur de la compagnie de disques. Au final, l'on recommandera ce percutant spectacle pour sa forme à la fois si incisive et si légère !
durée : 1 h 30
Reprise
Glenn, naissance d'un prodige
Auteur et mise en scène : Ivan Calberac
Distribution : Josiane Stoleru ou Raphaëline Goupilleau, Bernard Malaka ou Julien Rochefort, Thomas Gendronneau ou Nicolas Avinee, Lison Pennec ou Agnès Claverie, Benoit Tachoires ou Alban Aumard, Stephane Roux ou Stéphane Ronchewski
Théâtre Montparnasse
Auteur et mise en scène : Ivan Calberac
Distribution : Josiane Stoleru ou Raphaëline Goupilleau, Bernard Malaka ou Julien Rochefort, Thomas Gendronneau ou Nicolas Avinee, Lison Pennec ou Agnès Claverie, Benoit Tachoires ou Alban Aumard, Stephane Roux ou Stéphane Ronchewski
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
Paris 14e
horaires : du mardi au samedi à 19 h, le dimanche à 17 h 30
Relâche le 17 octobre
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