lundi 1 avril 2024

Expo Luxe de poche - Petits objets précieux au siècle des Lumières


Au musée Cognacq-Jay (Paris 3e) l’expo Luxe de poche met en lumière une sélection remarquable de petits objets fins et sophistiqués du siècle des Lumières.  Riche de près de 300 pièces, cette expo propose aussi une approche inédite et pluridisciplinaire, replaçant ces magnifiques objets dans leur contexte historique et social.  Le point de départ de cette nouvelle exposition est la prolifique collection d’Ernest Cognacq, enrichie de prêts importants - d’institutions prestigieuses comme le musée du Louvre, le musée des Arts décoratifs de Paris, le Château de Versailles, le Palais Galliera, les Collections royales anglaises ou le Victoria and Albert Museum à Londres. 

Etui-nécessaire, attribué à Noël Hardvilliers, entre 1770 et 1780
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

Tout au cours du XVIIIe siècle jusqu'au début du XIXe siècle ces objets de luxe avaient  un succès fou et la clientèle aisée qui les achetait était composée  de la grande bourgeoisie,  de l'aristocratie voire des plus grandes cours européennes.  Enrichis de pierres précieuses, d'or ou encore de nacre ces objets  consolidaient de nouvelles formes d’interaction sociale.   Tabatières,  étuis, éventails, lorgnettes ou boîtes à mouche bénéficiaient aussi de la solide réputation de maîtres orfèvres.  A travers tous ces petits objets  l'expo, bien conçue, nous oriente vers une histoire confidentielle du luxe version petit format. 

Pistolet à parfum, Jean-François Bautte, vers 1800
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

L'on découvrira par exemple parmi les plus singuliers une boîte à musique (or, diamant, plume, email) au motif oiseau, un pistolet miniature se transformant en vaporisateur à parfum, un étui à cire prenant l'allure d'une asperge en porcelaine ou encore un drageoir se métamorphosant en un dromadaire en agate sculptée. Bien avant les surréalistes les contemporains des Lumières avaient un certain sens de l'excentricité et de l'humour, et l'art, le raffinement et le luxe faisaient particulièrement bon ménage. Oubliés aujourd'hui  Joseph-Étienne Blerzy, Paul-Nicolas Ménière ou Johann-Christian Neuber étaient de véritables artistes à l'agenda plus que chargé. 

Tabatière, anonyme, Berlin, vers 1765, Londres, 
collection Rosalinde et Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum 
© Victoria and Albert Museum, London

Par exemple Johann Christian Neuber (1732-1808)  -  auteur de superbes petites tabatières en or, incrustées de jaspes et pierres semi-précieuses originaires de sa Saxe natale -  était l’un des rares artisans germaniques, avec l’ébéniste David Roentgen ou l’orfèvre Joseph Würth, dont la renommée ait traversé les frontières.  Au cours de la visite l'on peut voir d'ailleurs une de ses créations, une magnifique boîte en pierres dures créée vers 1780. 

Johann Christian Neuber, Boîte, vers 1780
Pierres dures (agate, jaspe, onyx, cornaline, améthyste, pétrifications...), or, perles fines, émail, Paris, Musée Cognacq-Jay
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

Ces marchands de luxe étaient évidemment très prisés des cours royales.  Frédéric II, roi de Prusse, possédait ainsi près de trois cents tabatières, ornées d’une profusion de pierres précieuses, dont certaines nous sont  dévoilées dans le parcours muséal.     L’exposition a été conçue comme un véritable parcours découverte : les deux premières salles s’intéressent à la typologie et la variété de ces objets haut de gamme. De la tabatière, à la bonbonnière, en passant par le nécessaire à écrire ou à broder. La troisième salle détaille les usages et coutumes liés à ces mini objets précieux, comme par exemple l’histoire autour des lorgnettes, ces petites lunettes grossissantes qui permettent autant de voir que d’être vu ou encore le surprenant pistolet à parfum. 

Drageoir en forme de tatou, Manufacture de Saint-Cloud, vers 1750
© CCo Paris Musées/Musée Cognacq-Jay

Une autre salle embarque le visiteur dans le processus de fabrication. Innovations techniques, organisation des métiers, zoom sur les matières… Le travail des talents de l’époque est mis ici à l’honneur. Enfin, la dernière salle de l’exposition propose un contrepoint moderne en présentant des objets de la collection patrimoniale de  Van Cleef & Arpels et la maison Fabergé datant du XXe siècle. Une expo à découvrir!

Expo Luxe de poche - Petits objets précieux au siècle des Lumières
Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzévir
Paris 3e
horaires : du mardi au dimanche de 10 h à 18 h

jusqu'au 29 septembre 2024


















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire