Dans un ouvrage intitulé Reverse - Carnavals du monde la photographe Emmanuelle Rochard explore la dimension festive, culturelle et esthétique de quelques-unes des plus incroyables fêtes populaires.
Depuis la nuit des temps, les hommes aiment se déguiser. Ainsi, le Carnaval a trouvé ses origines en Europe durant l’antiquité en tant que fête païenne, puis chrétienne à partir du Moyen-Age. Il s’est ensuite répandu partout dans le monde. Photographe et grande voyageuse, Emmanuelle Rochard explore dans ce Beau Livre toute la dimension festive et régionale de ces carnavals. En effet, depuis sept ans, dans un travail documentaire ambitieux, elle parcourt aux quatre coins de la planète ces exubérantes et inoubliables manifestations pour en rapporter de puissantes images. Reverse est le fruit «coloré » de toutes ces rencontres culturelles dans lesquelles elle nous convie aux carnavals les plus célèbres du monde comme ceux de Rio (Brésil), de Nice (France), de Puerto de la Cruz et Santa Cruz de Tenerife (Espagne) ou de la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis). L'on trouvera aussi dans cet ouvrage des traces de carnaval plus confidentiels comme celui de Besançon, qui se tient chaque année fin mars-début avril et qui célèbre la fin de l'hiver et le début du printemps. Durant la manifestation, les rues de la ville sont alors animées par des chars, des danseurs, des spectacles de rue, de la musique, des défilés de chars lumineux et des défilés d'enfants. Reverse - Carnavals du monde nous rappelle que d'un pays à l'autre chaque région, et même chaque ville, développe ses coutumes particulières. Ainsi, dans les pays ex-soviétiques, le déguisement - riazhenié - fait partie intégrante de toutes les fêtes d'origine païenne liées aux changements de saisons. A propos de celui de Barranquilla (Colombie), Rochard précise : «C'est le meilleur exemple de la triple fusion culturelle (européenne, africaine et indigène), qui combine les festivités catholiques amenées par les conquistadors espagnols avec les cérémonies aborigènes et l'héritage musical des esclaves africains pour se transformer en une énorme fête populaire» (page 169). Certains festivals ont même une forte connotation politique, comme celui de Notting Hill (Angleterre), deuxième plus grand festival au monde. Rappelant le caractère multiracial et multiculturel du fameux carnaval créé en 1964 l'autrice écrit : « D'un petit défilé costumé des débuts, composé d'immigrés de Trinité et de la Jamaïque désireux de défendre leur identité, cette manifestation s'est transformée et élargie, au fil des années, en un gigantesque rendez-vous cosmopolite reflétant la nature multiethnique de Londres aujourd'hui. » Le livre tend aussi à nous montrer que le carnaval va bien au-delà de la simple fête bon enfant ou de la démonstration folklorique. Outre qu'il répond aux besoins des individus de rêver dans des lieux chargés d’une forte intensité émotionnelle et esthétique, le carnaval joue également un rôle dans la cohésion sociale, politique ou même raciale de la ville. Prenant un exemple historique, Rochard écrit ceci à propos du carnaval de Goa (Inde) : « Il semble avoir commencé comme une farce. Lors de son déroulement, les dirigeants coloniaux blancs, en se peinturlurant en noir, prenaient la place de leurs esclaves, alors que lesdits esclaves, couverts de farine, se substituaient à leurs maîtres (uniquement pendant la durée du carnaval) » (page 170). L'on rappellera que le carnaval dynamise de nombreux secteurs d'activités, comme les secteurs artistique, culturel, social et économique, ce qui n'enlève rien d'ailleurs à la puissance symbolique ou spirituelle de ces manifestations. En outre, le carnaval dans sa dimension touristique se profile une inépuisable source de modèles comme dans les festivals, les parcs d'attractions, les manifestations politiques et sportives ou dans des évènements festifs biens délimités comme La Street Parade, la Gay Pride ou même Halloween.
Emmanuelle Rochard, Reverse - Carnavals du monde, Beau Livre, broché, éditions Intervalles, 192 pages, 2023
A lire :
Guadeloupe, paysages intranquilles, Sylvain Duffard (photographies), Estelle-Sarah Bulle (textes), éditions Long Cours, grand format, reliure cartonnée, 96 pages, 2022
Vivian Maier, collectif, catalogue d'exposition, français, coédition Rmn-Grand Palais / diChroma, 256 pages, 2021
Terence Abela, URSS abandonnée, relié, grand format, éditions Jonnglez, 234 pages, 2021
Steve McCurry Inédit - Les histoires à l'origine des photographies, Beau-Livre, broché, éditions Phaidon, 304 pages / 500 illustrations, 2020
Jean-Luc Bertini, Américaines Solitudes, textes de Richard Ford et Gilles Mora, éditions Actes Sud, hors collection, 152 pages, 2020
Paris 1910-1937 - Promenades dans les collections Albert-Kahn, ouvrage collectif sous la direction de Magali Mélandri, David-Sean Thomas et Jean-Marc Hofman, éditions Lienart, broché, grands rabats, 160 pages/180 illustrations, 2020
http://blogdephaco.blogspot.com/2021/01/leon-levinstein.html#more
Cyril Abad, God We Trust - Voyage au coeur des excentricités de la foi aux Etats-Unis, éditions Pyramyd, 174 pages, 2020
Karine Guilbert, Photographier l’architecture, Beau-Livre, éditions Pyramyd, préface de Marc Mawet, 191 pages, 2019
Robin Brinaert (textes et photos), Italie Abandonnée, éditions Jonglez, 288 pages, 2018
Carlo Bevilacqua, Utopia - Tenir à l'impossible, avant-propos de Arianna Rinaldo etRomano Madera, éditions Intervalles, 180 pages, 2018
Matt Lambros, After the Final Curtain : The Fall of the American Movie Theatre, éditions Jonglez, 240 pages, 2016
Utopia/Georges Rousse, éditions du Familistère, 193 pages, 2015
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