Au début du règne de Louis XIV, le philosophe Géraud de Cordemoy (1626‑1684) en est convaincu : le royaume de France doit être réformé. Pour y parvenir, il se tourne dans un premier temps vers l’étude de l’histoire ; depuis longtemps, les historiens avaient en effet pris l’habitude de mettre en exergue l’action d’hommes d’État dont l’exemple méritait d’être suivi par leurs contemporains. Dans son oeuvre la plus novatrice, De la réformation d’un État..., c’est cependant à un autre genre littéraire, très en vogue depuis le XVIe siècle, l’utopie, qu’il s’en remet pour présenter au jeune monarque français une réflexion novatrice sur l’éducation et le gouvernement du royaume. Avant les Lumières, et des tentatives souvent infructueuses pour donner naissance à un monarque éclairé, lointain descendant du « roi philosophe », Cordemoy sait que le savant doit tenir un rôle de premier plan dans une monarchie soucieuse de son avenir et du bien-être de ses sujets : pour ce faire, il lui suggère un programme qui, sans être révolutionnaire, remettait en cause certains fondements de la société d’ancien régime et reposait sur une évidente rationalisation de son appareil institutionnel.
Fabrice Hoarau, Géraud de Cordemoy - L'utopie au service du pouvoir, broché, grand format, éditions Mare & Martin, collection Histoire du droit et des institutions, 254 pages, 2023
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