Au Lucernaire, dans une mise en scène de Benoit Carré, l'écrivain et journaliste Philippe Meyer propose Paris la Grande, un spectacle délicieusement poétique ayant pour thème majeur Paris ! A cette ville de tous les contrastes, tour à tour élégante, populaire, dure, sensuelle, Philippe Meyer rend un hommage passionné, glissant subtilement ses textes entre deux chansons, en compagnie de l'accordéoniste Jean-Claude Laudet. Fluide, poétique et imprégnée d'humour la prestation théâtrale de l'homme de radio se révèle d'autant plus originale que son choix s'est porté sur des chansons de registre populaire très peu connues du grand public, qu'il glisse habilement avec une belle gourmandise entre quelques considérations générales sur le Paris d'aujourd'hui et d'hier. Dans Paris la Grande l'exercice textuel et musical se profile nostalgique mais sans aucune ringardise. L'on sent bien qu'à travers ces textes malicieux et ces chansons « d'un autre temps » Philippe Meyer est fasciné par la notion même de permanence de la capitale. Cette permanence pourrait se caractériser par la puissance de la flamme du souvenir mais aussi par tous les feux de sa modernité -celle de l'Histoire, de l'architecture, de l'art et de tous les grands élans populaires de Paname. Ce spectacle où textes et musiques charrient beaucoup d'images poétiques nous convie donc à une tonique invitation à un voyage parisien en chansons. L'on y découvre un Paris mystérieux à la fois dur et sensuel avec ses lieux labyrinthiques (le métro, les halles, la Butte Montmartre), ses espaces de rêverie (la Seine, le jardin du Luxembourg, la Tour Eiffel) ou encore ses lieux symboliques de mémoire (la Commune, le cimetière du Père-Lachaise, le cortège funèbre de Louis le Grand). Par l'aisance de la narration et la puissance sobre de son chant Philippe Meyer nous rappelle que Paris a construit son image sur un tumulte de couleurs, de sons, à la fois symbole de légèreté, de raffinement mais aussi de lutte et d'injustices sociales. Avec ironie l'auteur évoque également les petits travers du Parisien. Le trait est piquant et actualisé, pouvant rappeler par ailleurs ce qu'écrivait à leur propos Andrew Hussey dans Paris, ville catin * : « Les Parisiens ne sont pas des sentimentaux. Ils croient en un monde dirigé par une théorie ironique plutôt que par Dieu. Le Parigot, archétype du Parisien, est un urbain pur-sang à l'humour noir et sec invariablement dirigé contre le gouvernement et l'Etat. Oui, l'amour est un thème central du mythe et la réalité parisienne, mais au même titre que la nourriture, la boisson, la religion, l'argent, la guerre et le sexe. » (page 16). Dans Paris la Grande, Philippe Meyer nous propose au final un conte urbain, vif, drôle et intemporel!
* Paris, ville catin - Des origines à 1800, éditions Max Milo, collection « L'inconnu », 285 pages, 2007
durée : 1 h 20
Paris la Grande, de et avec Philippe Meyer
Paris la Grande, de et avec Philippe Meyer
Mise en scène : Benoit Carré
A l'accordéon : Jean-Claude Laudat
Le Lucernaire (Théâtre Noir)
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Le Lucernaire (Théâtre Noir)
53, rue Notre-Dame-des-Champs
Paris 6e
horaires : du mardi au samedi (20 h), le dimanche (17 h)
jusqu'au 21 août 2022
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