lundi 2 mars 2020

Miss Anthropocene, le nouvel opus de Grimes



La Canadienne Grimes vient de sortir Miss Anthropocene, un concept album ambitieux. A la fois incisif, aérien et un zeste prog ce 5e opus,  au climat délicieusement gothique et  rythmé,  s'oriente vers une pop electro aux accents futuristes.


Artiste unnderground Grimes, de son vrai nom Claire Boucher, est une auteure-compositrice-interprète née en 1988 à Vancouver. Alliage méditatif de post-punk, de pop psychédélique et d'électronique son avant-gardiste 1er opus  Heidi Primes (2010) l'avait fait connaître.  Depuis Art Angel (2015) la chanteuse n’avait pas sorti de disque. Plus introspectif mais tout aussi dansant que le CD précédent Miss Anthropocene (10 titres - 45mn)  confirme que la carrière de Grimes continue de s’orienter vers d'intéressants horizons  à la fois variés et nouveaux. L’on retrouve sur la pochette de Miss Anthropocene son goût cosmopolite pour la culture nippone  que l'on repère aussi à l'écoute  des gimmicks vocaux suraigus des nouveaux titres « Darkseids » et « My Name is dark ». Claire Boucher oscille toujours aussi élégamment entre K-pop, indie et pop électronique avec  cette plaisante ambiguïté de lorgner entre un style aventureux nostalgique style Kate Bush des eighties/nineties et des inspirations plus commerciales,  sans  tomber cependant dans les excès d’une Rihanna. Succédant à un opus beaucoup plus joyeux Miss Anthropocene est un concept résolument dark avec comme toile de fond la déesse anthropomorphe du changement climatique, inspirée de la mythologie romaine. L'opus se greffe sur les thématiques de la crise environnementale et de l'intelligence artificielle, source à la fois de fascination et de frayeur dans l'univers imagé de Grimes. Atmosphérique et sombre le 1er titre « So Heavy I Fell Through the Earth » donne la tonalité de Miss Anthropocene  avec le chant voilé et lent de Grimes - rappelant  de grandes voix anglo-saxonnes comme Weyes Blood ou Tori Amos - surfant agréablement entre synthés ronflants et percussions abstraites. Titre introspectif et mélodique, il propose le même climat entre chien et loup que peut offrir par exemple un Dead Can Dance dans « Yalunga » (Spirit Dance) ou les Cocteau Twins sur « Seekers Who Are Lovers » [ils sortent d'ailleurs fin mars un nouveau CD (Victorialand)]. Grimes mélange ses ingrédients musicaux avec toujours cette même habileté intuitive. Greffées sur des textes sans illusions les compositions alternent les ambiances avec toujours un même rythme pop décisif,  de l’electro sombre « Darkseid » à la douce techno pop de « Violence ». On passe de la remuante ballade pop folk « Delete Forever » (sur fond de banjo) à la classiques symphonie electro pop country « Idoru ». On signalera entre autres « New Gods », sinueuse ballade au charme gothique. Au final Miss Anthropocene se profile l'opus le plus abouti de la Canadienne et inaugure musicalement la nouvelle décennie  avec des accents irrésistiblement arty et dansants. 

Miss Anthropocene, Grimes, label 4/EM, USA,  2020



Grimes







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire