lundi 9 décembre 2019

Barbara Hepworth



Pionnière de la sculpture abstraite en Angleterre Barbara Hepworth (1903-1975) a redéfini de façon magique les codes de la forme. A l’occasion d’une expo qui lui est consacrée au Musée Rodin Paris le catalogue rend hommage à cette œuvre puissante et universelle.

Parfois dépréciée par la renommée de son compatriote Henry Moore (1898-1986), Barbara Hepworth, aux côtés de Marta Pan et d’Alicia Penalba se profile l’une des figures majeures de la scuplture du XXe siècle. Sous l’impulsion de Catherine Chevillot, directrice du musée Rodin et de Sara Matson, conservateur en chef du BarbaraHepworth Museum, Tate St Ives (Cornouailles), cet ouvrage présente sa carrière et son œuvre à partir des années 30 ainsi que ses méthodes de travail grâce à l’évocation de son atelier de St Ives.

Barbara Hepworth Museum St Ives, Barbara Hepworth, © Bowness, 
ph. ©Tate, Andrew Dunkley and
Mark Heathcote 2019 

(L’on signalera aussi les intéressantes contributions de Sophie et d’Alan Bowness, tous deux historiens de l’art.) En feuilletant ce beau livre l’on remarquera toute la diversité du travail de la Britannique. On signalera aussi bon nombre de documents rares comme des lettres de Mondrian, des archives d’ouvrages ou les champêtres photos de paysages de la sculptrice, notamment ceux de la région de St Ives. Après des débuts figuratifs - en 1931 elle réalisa sa première Forme perforée - elle a fait partie avec H. Moore, P. Nash et B. Nicholson du fameux groupe Unit One, dont le principe de la forme organique trouvera écho dans certaines de ses œuvres comme Deux Formes (1935). Aux côtés de son second mari le peintre Ben Nicholson,  elle fut très intégrée aux communautés artistiques d’Hampstead et de Paris.

Barbara Hepworth, Landscape Sculpture [Sculpture-Paysage], 1944, bois d’orme, H.32; L.68; P.29 cm, Tate, Barbara Hepworth, © Bowness, ph. ©Tate

Ils voyagèrent sur le Continent et firent la connaissance de Picasso, Brancusi, Braque et Mondrian. Moderne, intimiste, mystérieuse, organique, totémique, minimaliste…. Les associations mentales et les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette œuvre à la fois énigmatique, puriste, drôle et spatiale. Cette dernière en tout cas  semble en permanence  se faufiler entre abstraction et figuration. Les valeurs d’espace et de lumière ainsi que celles liées au matériau sont caractéristiques du travail de Barbara Hepworth d’où cette forme d’énergie vitale, qui se dégage de ses créations sculpturales. On notera la forme sensuelle et géométrique de bon nombre de ses œuvres comme Two Figures (Menhirs) de 1964 ou l’élégant et lyrique Pelagos, sculpture musicale (en bois d’orme et cordes !) de 1946, évoquant la mer et inspirée par les souvenirs de ses voyages dans le Yorkshire.

Barbara Hepworth, 
Curved Form (Trevalgan) [Forme incurvée (Trevalgan)], 1956, bronze, H.90,2;
L.59,7; P. 67,3 cm, Tate, Barbara Hepworth, ©Bowness, ph. ©Tate 

De cette artiste rare - aussi peintre et photographe -,  qui dans ses interviews répétait qu'elle n’envisageait pas son existence sans la sculpture, n’appréciant rien de plus que le contact de ses mains avec la matière brute, on retiendra peut être avant tout  la beauté plastique de ses créations. Dans  l'avant-propos du catalogue Catherine  Chevillot rappelle ainsi le relatif oubli de l'artiste en France :
Si Marta Pan et Alicia Penalba ont réussi à conquérir une véritable reconnaissance en France comme femme sculpteur, il en est tout autrement de Barbara Hepworth. Elle a pourtant développé une poétique propre et saisissante, qui s'empare du visiteur de l'atelier de St Ives et ne le quitte plus.

Barbara Hepworth, sous la direction de Catherine Chevillot et Sara Matson avec la collaboration de Sophie et Alain Bowness, 256 pages/300 illustrations 22 x 28 cm en cartonné contrecollé, éditions in fine, 2019

A signaler :

Expo Barbara Hepworth au Musée Rodin Paris
jusqu'au 22 mars 2020

Barbara Hepworth taillant une œuvre au Palais de Danse, 1961, H.20,5; L.20,5 cm,
The Hepworth photograph collection, ©ph. Mathews






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