lundi 17 décembre 2018

La lumière est à moi et autres nouvelles


Dans La lumière est à moi et autres nouvelles, Gilles Paris évoque le tourbillon de l’enfance et les premiers émois… A travers ses personnages juvéniles inscrits dans des  situations conflictuelles l’auteur d’Autobiographie d’une courgette interroge leur désir de grandir et leur lumineuse aspiration à la permanence.


A la fois légers et tourmentés, tendres et cruellement incisifs, les romans de Gilles Paris [Au pays des kangourous (2012), L’Eté des lucioles (2014)] interpellent avant tout par une certaine simplicité de ton, la finesse descriptive des personnages, un humour bon enfant ainsi qu’une inspiration parfois lyrique, souvent orientée vers la nature. Après l’excellent roman Le Vertige des falaises (2017) l’auteur nous revient avec ce recueil de 19 courtes nouvelles, toujours dans ce style caractéristique, limpide et nostalgique avec phrases courtes. (Subtilement, l'auteur investit le champ psychologique mais sur le mode intuitif et poétique.) L’on est entraînés dans des histoires courtes - qui se déroulent des mers éoliennes à Paris en passant par Stromboli ou Lausanne - de parcours cabossés, ceux des Brune, Anton et autres Ben. Délicatement ciselée, chacune de ces nouvelles s’attache à décrire à la fois l’impétuosité des sentiments mais aussi le trouble et la difficulté des jeunes protagonistes à vivre parmi leur entourage.

Gilles Paris
© Didier Gaillard-Hohlweg 

L’on perçoit ainsi une certaine défiance vis-à-vis du monde adulte. « Benji » évoque une grand-mère détestable. La nouvelle commence ainsi : Grand-mère Apolline n’aime que les fleurs. Elle écarte toujours ses bras avant de les respirer, comme l’enfant qu’elle n’est plus depuis longtemps (page 57). Dans l’incisive nouvelle « Eytan », un oncle séducteur capte l’attention de tout son entourage. Sur un mode à la fois tendre et grinçant  Paris fait le portrait jumelé de la sécheresse de la mère envers sa fille et  du snobisme de son milieu. Comme souvent dans son œuvre   les jeunes personnages sont confrontés à des personnes difficiles de leur entourage familial. Et ces enfants ou ados paraissent constamment  osciller entre mélancolie diffuse, idéalisme exubérant, découragement et volupté de vivre. On rappellera au passage les thèmes fétiches de l'auteur : désir, solitude, rêveries, frustration, amour/haine (envers les parents, la personne désirée).  A l’écart du narcissisme littéraire contemporain, souvent mièvre et sentencieux, la simplicité formelle et l'univers intimiste poétique de Dans La lumière est à moi et autres nouvelles fait mouche !

Gilles Paris, La lumière est à moi et autres nouvelles, éditions Gallimard, collection «Haute enfance», 198 pages, 2018









ier Gaillard-Hohlweg

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