lundi 26 décembre 2016

Diamond Island





Premier long métrage de fiction de Davy Chou, Diamond Island évoque le Cambodge d’aujourd’hui à travers le regard de jeunes déracinés venus travailler en zone urbaine.

Quatre ans après le Sommeil d’Or, documentaire qui rappelait le « génocide cinématographique » des années Pol Pot, le réalisateur franco-cambodgien a choisi pour son nouveau film le décor naturel - très kitsch - de Diamond Island, une île reliée à Phnom Penh dans laquelle s’alignent de façon monotone immeubles de luxe, centres commerciaux géants et pimpants espaces de fête à l’occidentale. Minimaliste, l’histoire relate le parcours d’un jeune de 18 ans (Bora), ayant quitté son village natal pour aller travailler dans un des innombrables chantiers de Diamond Island.

Diamond Island

La confrontation entre tradition/modernité et entre monde rural/urbain nous est suggérée dans un vrai teen movie qui évite heureusement de tomber dans la niaiserie sentimentale ou dans une dramatisation conventionnelle sur le mode de l’exil des déracinés. A la fois mélancolique et drôle, Diamond Island dégage un fort climat, orienté vers l’hypnotique image d’un Cambodge urbain et crépusculaire. Privilégiant les gros plans intimistes de visages d’adolescents et la singulière captation d’une ville en perpétuelle ébullition (tours, grues, panneaux publicitaires), le film de Chou séduit par une étrange poésie et sa force évocatoire. En outre, Diamond Island décrit sur un ton réaliste les rites de passage de cette jeunesse déracinée, attirés là-bas à la fois par le clinquant de la modernité et la promesse vague d’une meilleure vie.

Diamond Island

Décrivant les péripéties de Bora et de sa fraîche bande, Chou nous parle du quotidien de milliers de jeunes gens en Asie et ailleurs, à travers les flirts improvisés, les virées pétaradantes en moto, les longues heures passées en groupe en boîte de nuit ou seul devant un Smartphone phosphorescent. Mais le réalisateur introduit également dans son film une dimension plus sociale. Il nous fait découvrir un Cambodge plus ambigu et plus glamour, fait d’illusions et de rêves européens à travers le personnage de Soli. Ce dernier introduit son frère Bora dans un milieu plus privilégié que celui de la petite bande. Parfois, le long métrage rappelle certaines chroniques adolescentes de Gus Van Sant et les films de Jia Zhang-ke. Propulsé par des acteurs au jeu naturel et un décor urbain à la tonalité expressionniste, Diamond Island se profile comme un des meilleurs teen movies de l’année 2016. 

durée : 1 h 43

Diamond Island, un film de Davy Chou, France/Cambodge, Allemagne, Qatar, Thaïlande, 2016
Avec Sobon Nuon (Bora), Cheanick Nov (Solei), Madeza Chlem (Aza), Mean Korn (Dy), Samnang Nut (Virak), Samnang Khim (Lakena), Sophyna Meng (Mesa)

Diamond Island
















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire