lundi 22 juin 2015

Alice Cooper Remember The Coop’




Dans Alice Cooper Remember The Coop’, Jean-Charles Desgroux - spécialiste du hard rock et du heavy metal - évoque la carrière et la discographie de l’immense star américaine des années 70, inventeur d’un genre musico-théâtral version grand-guignol…


Sans doute le principal mérite de ce livre consacré à Alice Cooper est de faire resurgir à la mémoire l’une des figures les plus originales et paradoxalement méconnues de l’univers rock. En parfait érudit, Jean-Charles Desgroux nous détaille les 26 albums studio du Coop, dont le vrai nom est Vincent Furnier, tout en évoquant chronologiquement son étonnant parcours artistique qui s’étire sur près de… 50 ans. Evoluant dans un décor scénique résolument macabre, Alice Cooper est un peu l’incarnation du rock décadent : serpent, guillotine, chaise électrique, potence, cyclope, araignée géante, zombie, travelo, danseur à plumes, infirmière nympho…


Avec une succession de shows délirants et grotesques, du début des seventies à aujourd’hui, le chanteur fantasque a su se tailler une réputation internationale surfant entre théâtre de carton-pâte ambiance films d’horreur et show parodique au parfum Las Vegas, zigzaguant scéniquement dans un univers définitivement kitch et dur, qui peut faire songer parfois au théâtre de cruauté, cher à l’illustre Antonin Artaud. En tout cas, l’auteur propose des angles d’approche très pertinents sur la personnalité d’Alice Cooper ainsi que sur l’emballement médiatique qu’il a suscité dès 1971 avec le tube « I’m Eighteen » , hymne générationnel au même titre que le populaire « My Generation » des Who. Judicieusement, l’auteur évoque le talent de songwriter du Coop et sa perspicacité à s’entourer de producteurs ou de musiciens particulièrement doués (de Bob Ezrin à Dick Wagner), rappelant qu’il a enregistré quelques disques majeurs de l’histoire du rock - l’on songe à Love It To Death (1971), Billion Dollar Babies (1973) ou From The Inside (1978).



Réunion (partie 1) Alice Cooper, Michael Douglas, Neal Smith à Cooperstown (Phoenix), USA, 1998
 « No More Mr. Nice Guy », « Muscle Of Love », « Is It My Body » live

 Ecrit dans une langue simple et agréable à lire [heureusement, l’on échappe aux tics verbaux qui encombrent trop souvent la prose - prétentieuse - de bon nombre de journalistes rock (!)], ce Remember The Coop’, qui fourmille de repères biographiques et d’extraits significatifs de chansons, est d’autant plus intéressant qu’il décrit la personnalité complexe d’Alice Cooper et son entourage, les inscrivant dans le contexte social et historique de la contre-culture de l’Amérique de l‘époque. Ainsi, l’auteur relate les débuts ubuesques de l’Alice Cooper Band originel - constitué de lycéens aussi allumés que pugnaces -, l’épopée californienne du groupe, qui côtoie Frank Zappa et The Doors, la célébrité tapageuse et les excès du groupe - qui fut souvent la cible des mouvements religieux. Egalement, il aborde la dérive alcoolique du chanteur ou encore les personnalités artistiques proches  (Salvador Dali, Groucho Marx, John Carpenter).

Alice Cooper

 Le cinéma et la télévision (en particulier les séries américaines) a toujours constitué la principale source d’inspiration d'Alice Cooper, qui explore sous une forme parodique les traditionnels mythes urbains américains (argent, star system, sexe, violence, puritanisme…) En outre, l'artiste est célèbre pour avoir été le premier à avoir popularisé une sorte d’ « art fusion » regroupant musique, théâtre, chant et danse, influence certaine pour des artistes comme David Bowie ou Michael Jackson. Dans Alice Cooper Remember The Coop‘ l’auteur conclut  :

« Que l’on adhère ou non à son Barnum, impossible de résister à l’appel élémentaire du rock’n’roll, de « Caught In A Dream » à « Caffeine », de ne pas être subjugué par ces différents univers musicaux si richement développés, et enfin de ne pas être aussi séduit par des paroles, aussi pertinentes, intelligentes et drôles. »

Jean-Charles Desgroux, Alice Cooper Remember The Coop’, éditions Le mot et le reste, 273 pages, 2015

Alice Cooper  « Feed My Frankenstein » live, Montreal, 2012





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