lundi 1 décembre 2014

Rétrospective Jeff Koons


Split-Rocker (Pink / Blue), 1999 
Polychromed aluminium 1 of 4 unique versions Jérôme de Noirmont/Art & Confrontation, Paris 
© Galerie Jérôme de Normont, Paris © Jeff Koons 

Jeff Koons

Habile manipulateur surfant sur la vague bling-bling et la niaiserie ado pour les uns, génial artiste de l’art contemporain pour les autres, Jeff Koons, superstar du marché de l’art, ne laisse pas indifférent. Pour la première fois une rétrospective lui est consacrée à Paris au centre Pompidou.
D’emblée, l’approche et le jugement que l’on peut porter sur l’œuvre de Koons se profile délicat, en partie à cause de son statut d’artiste - à double tranchant - d’artiste entrepreneur (sorte de péché originel) chef d’orchestre d’une centaine d’assistants et d’une image cabotine persistante - depuis une trentaine d’années, l’homme, abonné permanent au jeu médiatique, crée l’évènement avec à chaque fois la présentation d’une nouvelle série. En règle générale, les détracteurs de ce spécialiste des techniques publicitaires - par ailleurs ancien trader et ex-mari de la Cicciolina - signalent à juste titre le cynisme ambiant de ses réalisations, trempant dans un climat kitsch, tape-à-l’œil et souvent de mauvais goût. 

Rabbit, 1986 Stainless steel 
Edition no 1 / 3 Museum of Contemporary Art Chicago, Partial Gift of Stefan 
T. Edlis and H. Gael Neeson, 2000.21 © Jeff Koons 


Comme Andy Warhol, Koons est fasciné dans son travail créatif par le statut des stars, et partage une passion immodérée pour le détournement des objets de la culture de masse. Il érige l’objet de consommation le plus banal (aspirateur, ballon, matelas pneumatique) au rang d’icône. D’une façon très personnelle, il réinterprète l’imaginaire du monde du spectacle, passant indifféremment de Buster Keaton, Michael Jackson au groupe Air. Contrairement à d’autres collègues fortunés de sa génération - Maurizio Cattelan, grand spécialiste de la provoc bêta et insignifiante ou Damien Hirst, expert en décorums mortifères aux effluves de formol -, l’œuvre de Koons se marie avec beaucoup d’humour. Et au-delà de son caractère racoleur et outrancier, la rétrospective offre l’occasion de découvrir une séduisante synthèse artistique exprimée par l’élan sculptural, l’humour potache, le gigantisme des formes, un jeu spontané de couleurs, la fascination pour la matière (bois, acier, marbre ou miroir poli !), bref une fièvre toute totémique.

Lifeboat, 1985 
Bronze Edition no 3 / 3 Museum Of Contemporary Art Chicago, Gerald S. Elliott 
Collection, 1995.56.A-C © Jeff Koons 


Au final, l’art de Koons se profile simple et communicatif. Peut-être, l’artiste nous raconte des bobards mais ses œuvres sont porteuses d’histoires, instaurant une familiarité par leur puissance évocatoire. Sans doute surévaluée par certains, l’œuvre de ce cousin spirituel de Dali reste néanmoins à découvrir. Parcourue d’aspirateurs high-tech, d’étranges miroirs, de sculptures antiques, d’animaux puérils, d’objets gonflables, d’affriolantes pin-up et de stars fantomatiques, la rétrospective nous plonge dans un univers furieusement baroque et contemporain. D’une certaine façon, l’on pourrait dire que Koons se sert de la banalité de la culture de masse au prix d’une légère transformation de la réalité, osant ainsi faire « œuvre d’art » !

Rétrospective Jeff Koons 
Centre Pompidou (galerie 1, niveau 6)
Paris 4e
Tous les jours (sauf le mardi) de 11 h à 21 h
Nocturnes les jeudis, vendredis et samedis jusqu’à 23 h

jusqu’au 27 avril 2015 


Hulk (Organ), 2004 - 2014 [Hulk (orgue)] 
Polychromed bronze and mixed media Edition no 2 / 3 
Photo : Tom Powel Imaging Gagosian Gallery © Jeff Koons 







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