lundi 8 décembre 2014

La Belle Jeunesse





Film de Jaime Rosales [Un tiroir dans la tête (2008), Rêve et silence (2012)], La Belle Jeunesse évoque le parcours de deux jeunes amoureux d’aujourd’hui (Dolores et Carlos) plongés dans la grisaille d’une Espagne frappée par la crise économique.
Jaime Rosales est un cinéaste de l’intime. Les thèmes de ce réalisateur espagnol réputé sont généralement orientés vers la difficulté de communiquer, la fragilité des liens familiaux ou la violence imprévisible dans le quotidien. Entre drame social et docu-fiction, La Belle Jeunesse relate donc le parcours en dents de scie de deux adolescents, valsant entre remise de CV, petits boulots comme tournage d’un porno amateur et séjours familiaux involontairement prolongés. Adoptant un ton à la fois humain et réaliste, Rosales privilégie les gros plans - La Belle Jeunesse est tourné en 16 mn - de visages d’enfants et d’adolescents ainsi que les grands espaces de la banlieue madrilène (routes, quartiers, terrains vagues) qu’il filme de façon stylée.

La Belle Jeunesse

 Cette longue traversée du couple dans le quotidien banal semble le moteur de fascination du réalisateur. Et cette réalité nous est retranscrite sous la forme de courtes scènes variées : fête sur un parking, réunion familiale, rixe dans une aire de bus, jeux d’enfants… Dans un style cinématographique élégant et neutre, porté vers l’intimité des situations et des êtres, Rosales truffe son long métrage de séquences vidéo, elles-mêmes tournées par ses personnages. Ces séquences - Skype et réseaux sociaux - reflètent dans La Belle Jeunesse l’univers familier des deux adolescents. Outre son ambition réaliste, La Belle Jeunesse se distingue par un refus du misérabilisme, qui donne à l’ensemble sa touche moderne. Echappant aux stéréotypes habituels, les personnages de La Belle Jeunesse expriment même un certain volontarisme et une joie de vivre. Dans le registre de l’univers adolescent sur fond de crise socio-économique [comme dans le subtil et récent Sao Paulo Blues du Brésilien Francisco Garcia], La Belle Jeunesse est un film convaincant.

durée : 1 h 40

La Belle Jeunesse, un film de Jaime Rosales, VOSTF, Espagne, 2014

Avec Ingrid Garcia-Jonsson (Natalia), Carlos Rodriguez (Carlos), Inma Nieto (Dolores), Fernando Barona (Raul), Juanma Calderon (Pedros)


La Belle Jeunesse

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