lundi 7 octobre 2013

Expo Félix Valloton - Le feu sous la glace


© affiche de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris 2013 

Première rétrospective - depuis près d’un demi-siècle ! – consacrée à Félix Vallotton (1865-1925), Le feu sous la glace permet de découvrir l’œuvre méditative et fantasque d’un artiste exceptionnel, à la fois novateur et marginal. Ce peintre et graveur français d’origine suisse a peint plus de… 1 700 tableaux !
Articulée autour de 10 thèmes majeurs, l’expo Félix Vallotton - Le feu sous la glace permet de contempler, outre les chefs d’œuvre du furtif Nabis, des tableaux peu ou jamais exposés provenant entre autres de collections particulières. Vallotton est un créateur caméléon, de l’espèce de ceux dont la nature indocile et les choix esthétiques peuvent susciter vague inquiétude et perplexité. En effet, les tableaux de l’auteur de La chambre rouge peuvent parfois évoquer Dürer, Manet, Le Caravage, Ingres, Van Gogh, Bonnard, Chassériau, de grands maniéristes du XVIe siècle ou plus proches de nous, Hopper et Balthus. Les 171 œuvres exposées au Grand Palais [110 peintures, 60 gravures et son appareil photo] reflètent donc toute l’originalité des genres abordés par Vallotton : nu, portrait, paysage, nature morte, vue urbaine, histoire mythologique… D’emblée, l’on est conviés à une fascinante promenade, en arpentant les univers stylistiques très diversifiés de Vallotton - pointillisme, naturalisme, symbolisme, expressionnisme…, qui donnent à sa peinture cette saveur si particulière.


Félix Vallotton,  La Blanche et la Noire, 1913, huile sur toile, 114 x 147 cm 
Winterthour, © Fondation Hahnloser/Jaeggli, Winterthourphoto 

 Influencé par l’estampe japonaise, imprégné par l’Art nouveau, enthousiasmé par le formidable essor photographique du début du XXe siècle, Vallotton crée une œuvre des plus étranges qui semble constamment serpenter entre classicisme et modernité. Et le fort climat qui s’en dégage est sans doute dû à ses délicats accents théâtraux ou cinématographiques. Aussi à l’aise dans la forme (épurée) que dans les jeux d’ombre et lumières, Vallotton est bien ce peintre emblématique de l’intimité et du mystère, en cela précurseur des surréalistes, qui plonge ses personnages dans un décor entre réalisme et onirisme. A propos de décor, Guy Cogeval écrit avec justesse que « les fauteuils et les canapés [y] tiennent plus de place que les hommes et les femmes eux-mêmes ». Ces intérieurs, peuplés d’êtres fantomatiques, seraient d’ailleurs une des clés permettant d’appréhender l’univers pictural très personnel de ce peintre déconcertant. Au final, l’œuvre de Vallotton se distingue par sa singularité pulsionnelle, une beauté moderniste et son étrange poésie.   Et ce peintre, réputé pour sa discrétion - également romancier et auteur de pièces de théâtre -, s'y révèle un peu comme le metteur en scène de sa propre psyché.
 La rétrospective Félix Vallotton - Le feu sous la glace se profile, de même que l’exceptionnelle expo Georges Braque, comme un des évènements artistiques majeurs de la saison.


Félix Vallotton, La Chambre rouge, 1898, tempera sur carton, 50 x 68,5 cm
Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts, acquisition 1983 © musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / Photo J.-C. Ducret


Expo Félix Valloton – Le feu sous la glace
Grand Palais (entrée Clemenceau)
tous les jours (sauf le mardi) de 10 h à 20 h, et nocturne jusqu’à 22 h le mercredi

du 2 octobre 2013 au 20 janvier 2014



Félix Vallotton photographié par A. Nathanson (1897) 
















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