Cette semaine, BLOG DE PHACO vous recommande deux excellents spectacles : Le Paquebot Tenacity de Charles Vildrac (Essaïon Théâtre) et L'Ecole des femmes de Molière (Théâtre de la Tempête)...
Le Paquebot Tenacity
Emblématique du « theâtre du silence », l’un des principaux courants théâtraux de l’entre-deux guerres, Le Paquebot Tenacity (1920) du poète et dramaturge Charles Vildrac (1882-1971) fut porté à l’écran par Julien Duvivier en 1934. Efficacement mis en scène à l’Essaïon Théâtre par Pierre Boucard et brillamment interprété par The Big Cat Company, Le Paquebot Tenacity surfe entre réalisme social et théâtre intimiste. Par des dialogues vivaces et le charme rétro d’un décor familier (le bar local), la pièce se profile, tout imprégnée d’un fort climat cinématographique, quelque part entre Jean Grémillon et Marcel Carné. L’histoire paraît presque anodine : deux hommes (Bastien et Ségard), au lendemain de la Première Guerre mondiale, décident de s’embarquer pour le Canada. Ayant raté leur bateau, ils s’installent dans une pension du port, s’amourachant d’une jolie serveuse (Thérèse).
Le Paquebot Tenacity
Le drame de Vildrac, qui connut un énorme succès au début du XXe siècle, séduit à la fois par par une vraie simplicité, son humanisme discret et une grande liberté d’esprit. Sans misérabilisme, le texte de l’auteur de La Brouille met à l’honneur ceux que l’on appelle « les petites gens ». Les aspirations chimériques de Bastien et Ségard (leur rêve d’Amérique) et leur désarroi amoureux sont traités de façon originale selon l’angle des habitués du café, éternel lieu de débats philosophiques de comptoir sur la liberté, l’amour ou le hasard. Hidoux, pilier de bar et autre personnage central du Paquebot Tenacity, est l’homme qui refait chaque jour le monde avec les deux voyageurs. Drame subtil, Le Paquebot Tenacity reflète un message d’espoir. « C’est une pièce qui raconte une histoire simple, qui touche le public », selon Pierre Boucard.
Le Paquebot Tenacity
durée : 1 h 20
Le Paquebot Tenacity, de Charles Vildrac
Mise en scène : Pierre Boucard
Essaïon Théâtre
6, rue Pierre-au-lard
Paris 4e
les jeudis, vendredis et samedis à 21 h 30
du 12 septembre au 9 novembre 2013
L’Ecole des femmes
Moins connue que Tartuffe ou Le Misanthrope, L’Ecole des femmes (1662) est une comédie de Molière à découvrir. Dans une mise en scène aussi malicieuse qu’attrayante, Philippe Adrien propose une vision rafraîchissante de cette pièce, qui reprend un thème traditionnel : un barbon (Arnolphe) éduque une jeune fille (Agnès) dans la réclusion et l’ignorance, pour en faire son épouse, en espérant – à tort ! – se prémunir contre tout risque d’infidélité. Si l’on met de côté les aspects désuets de la pièce (couvent, petits marquis, valets serviles), l’on appréciera ce spectacle pour son virevoltant quiproquo à la Feydeau entre Arnolphe (le mesquin/jaloux/harceleur) et son rival Horace (l’amoureux insouciant/bavard).
L’Ecole des femmes
Avec humour et finesse, cette Ecole des femmes lorgne vers un univers/farce sur fond de possession amoureuse et de société ridicule. Rongé par l’aspiration à posséder Agnès, Arnolphe, le personnage emblématique de la pièce, nous apparaît comme l’éternel looser, celui dont le désir même est constamment remis en question par les principaux intéressés (Agnès, Horace) et par un environnement amical sarcastique (Chrysalde, Oronte). L’amusante progression narrative de L’Ecole des femmes se nourrit d’un subtil jeu de lumières et d’une scénographie agréablement stylisée aux décors insolites (jardin potager, fenêtres percées) - on songe à l’Espagne de Calderon !
Au final, une pièce très prenante, portée par la farce et d’excellents comédiens !
L’Ecole des femmes
durée : 2 h
L’Ecole des femmes, de Molière
Mise en scène : Philippe Adrien
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie - Route du Champ-de-Manœuvre
du mardi au samedi (20 h), dimanche (16 h)
du 13 septembre au 2 novembre 2013
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