lundi 1 octobre 2012

Bernard



Court roman de David Foenkinos (La délicatesse, 2009, Les souvenirs, 2011), Bernard, avec son style simple et un ton goguenard,   se profile comme un conte réaliste et désenchanté sur le monde et les relations amoureuses.
La trame de Bernard est des plus  conventionnelles : après une aventure, un homme quitte femme, enfant et appartement. Ayant perdu son emploi, il se retrouve obligé de retourner vivre chez ses parents.
Bien installé dans cette tradition postrothiénne, à la fois railleuse, nostalgique et gentiment nihiliste,  Foenkinos, malicieusement, nous relate donc l’histoire de ce Bernard, ex-riche urbain pressé qui tel un gamin perd du jour au lendemain tous ses jouets. Le narrateur, à la première personne du singulier, nous confie comme dans un journal de bord ses amères réflexions teintées d’ironie, interpellant sans cesse le lecteur sur la complexité  des êtres et des situations. Fille, ex-femme, parents, amis, collaborateurs, tous défilent sous ce regard perçant…  L’auteur surfe de façon décapante sur les insupportables contradictions des modes de vie contemporains, cliquant sur le  mou et le dur de l’existence, comme dans cet amusant extrait :
 A l’époque, nous nous étions disputés car elle y passait trop de temps. C’était désormais le seul endroit [Facebook] où je pourrais la rencontrer. Je me suis crée un profil en utilisant la photo d’un adolescent. Puis je lui ai demandé de devenir mon amie. C’était si étrange de réclamer l’amitié de sa propre fille (page 42). 
   
David Foenkinos, Bernard (fiction), les éditions du Moteur, 82 pages, 2012


David Foenkinos

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