Ace Frehley, le guitariste déchaîné de Kiss avait accompagné le groupe depuis sa création en 1973 jusqu’en 1982, avant de revenir lors de la grande réunion des années 1990. Sa représentante, Lori Lousararian, a indiqué que sa mort faisait suite à « une récente chute à son domicile », sans qu’une cause précise n’ait été communiquée.
« Nous sommes complètement dévastés, le cœur brisé », a déclaré sa famille dans un communiqué. « Dans ses derniers instants, nous avons eu la chance de pouvoir l’entourer de mots, de pensées, de prières et d’intentions empreints d’amour, de paix et de tendresse. Nous chérissons tous ses plus beaux souvenirs, son rire, et nous célébrons la force et la bonté qu’il a su offrir aux autres. L’ampleur de sa disparition est hors norme, presque inconcevable. Au regard de tout ce qu’il a accompli dans sa vie, la mémoire d’Ace continuera de vivre à jamais. »
Fin septembre, Frehley avait annulé un concert prévu à la foire d’Antelope Valley, à Lancaster (Californie), après une première chute à son domicile qui avait nécessité une hospitalisation. « Il va bien », indiquait alors un message à ses fans, « mais, contre son gré, son médecin lui interdit tout déplacement pour le moment. » Le 11 octobre, il avait annulé l’ensemble des dates restantes de sa tournée 2025, invoquant des « problèmes médicaux persistants » sans plus de précision.
Gene Simmons et Paul Stanley étaient les principaux compositeurs de Kiss, mais le jeu de guitare de Frehley — et son attitude de rock star — faisaient partie intégrante de la recette du groupe. En tant qu’auteur, il a signé des morceaux devenus cultes comme « Cold Gin », « Parasite », « Shock Me » ou encore « Talk to Me ». Simmons, Stanley, Frehley et le batteur Peter Criss avaient été intronisés au Rock & Roll Hall of Fame en 2014.
« Nous sommes dévastés par la disparition d’Ace Frehley », ont déclaré Simmons et Stanley dans un communiqué commun. « Il a été un soldat du rock essentiel et irremplaçable durant certaines des périodes les plus fondatrices de l’histoire du groupe. Il est, et restera à jamais, une part de l’héritage de Kiss. Toutes nos pensées vont à Jeanette, sa femme, à Monique, sa fille, et à tous ceux qui l’ont aimé — y compris nos fans à travers le monde. »
Enfant, dans le Bronx, Frehley oscillait entre le sport et la musique. Jusqu’au jour où, après un mauvais plaquage sur un terrain de foot, il a eu une révélation. « C’est des conneries ! », racontera-t-il plus tard. « Mes mains sont trop précieuses. La guitare passe avant tout. »
Cette conviction s’est encore renforcée à l’âge de 16 ans, lorsqu’il a vu The Who et Cream en concert au RKO Theater, à Manhattan. « The Who m’ont vraiment inspiré vers le rock théâtral, » expliquait-il. « Quand je les ai vus, ça m’a totalement soufflé. Je n’avais jamais rien vu de tel. Ça a été un tournant majeur. »
Ace Frehley a joué dans une série de groupes sans lendemain à la fin des années 60 et au début des années 70, jusqu’au jour où une petite annonce dans le Village Voice a changé le cours de sa vie : « Cherche guitariste solo avec style et talent. Album en préparation. Pas de perte de temps. »
Il n’avait même pas de quoi se payer un taxi : c’est sa mère qui l’a conduit jusqu’à la salle de répétition de Kiss, dans le Queens. Simmons, Stanley et Peter Criss, le batteur, ont d’abord éclaté de rire en le voyant débarquer avec son pantalon pattes d’éléphant et ses chaussures multicolores. Mais les rires se sont tus dès qu’ils lui ont joué leur nouveau morceau, “Deuce”. « J’ai improvisé un solo pendant toute la chanson, » se souvenait Frehley. « Ils ont souri. On a continué à jammer sur quelques titres. Puis ils m’ont dit : “On aime beaucoup ta façon de jouer. On te rappellera.” »À l’époque, le groupe n’avait même pas encore de nom. Et leurs premières tentatives de maquillage de scène étaient loin du style iconique qui allait suivre. « On se maquillait, mais ce n’était pas encore le look Kiss ; c’était du maquillage féminin, à la manière des New York Dolls », racontait Frehley à Rolling Stone en 1976. « À l’époque, les Dolls étaient ce qu’il y avait de plus hype, et on rêvait d’être comme eux — parce qu’on n’était personne, nous. Mais physiquement, on n’avait rien à voir avec eux. C’étaient des petits mecs filiformes, alors on s’est dit qu’on allait jouer la carte du noir et argent, bien plus frontal. »
Le maquillage scénique distinctif du groupe et leurs concerts ultra-spectaculaires attirent très vite l’attention quand ils commencent à tourner dans New York en 1973. Mais le succès grand public n’arrive qu’en 1975, avec le carton de leur album live Alive! Pour une partie très vocale de la jeune génération, Frehley est clairement le plus cool du groupe. « Quand je joue de la guitare sur scène, c’est comme faire l’amour », disait-il à Rolling Stone en 1976. « Si tu es bon, tu prends ton pied à chaque fois. »
Mais les drogues dures ne tardent pas à faire leur entrée. « Il y avait tellement de coke en studio avec [le producteur] Bob Ezrin, c’en était dingue », racontait Frehley à Rolling Stone en 2015. « Et je n’en avais jamais pris avant. Moi, j’aimais surtout picoler. Mais une fois que j’ai commencé la coke, j’ai adoré boire encore plus, plus longtemps, sans m’évanouir. Et là, c’était parti. Je me suis compliqué la vie, parce qu’il y a eu plein de fois où je débarquais avec la gueule de bois… ou carrément pas du tout. »
En 1978, lorsque chaque membre de Kiss sort un album solo le même jour, c’est celui de Frehley qui se vend le mieux — en grande partie grâce à sa reprise du titre de Russ Ballard, New York Groove, devenu sa signature. Mais à mesure que le succès du groupe s’amplifie à la fin des années 70, Frehley se sent de plus en plus mal à l’aise. « On était un groupe de hard rock pur et dur », disait-il à Rolling Stone en 2015. « Et d’un coup, on avait des gamins avec des boîtes à goûter et des poupées à notre effigie au premier rang, et moi, je devais faire gaffe à pas dire de gros mots dans le micro. C’était devenu un cirque. »
En coulisses aussi, le cirque battait son plein : conflits internes, consommation excessive, utilisation de guitaristes de session… En 1982, Frehley claque la porte. « J’étais perdu », confiera-t-il plus tard. « J’étais persuadé que si je restais, je me serais suicidé. Je rentrais du studio avec l’envie de foncer dans un arbre avec ma bagnole. J’ai quitté un contrat à 15 millions de dollars. Aujourd’hui, ça ferait 100 millions. Mon avocat m’a regardé comme si j’étais fou. »
Dans les années 80, il fonde le groupe Frehley’s Comet et sort deux albums confidentiels. Mais en 1995, l’émission MTV Unplugged ravive la flamme : le quatuor d’origine se reforme pour une gigantesque tournée mondiale en 1996, maquillages ressortis, classiques dépoussiérés, stades à nouveau remplis.
En 1998, ils enregistrent Psycho Circus, mais Frehley ne joue que sur un seul titre. « Je n’ai jamais été invité en studio », racontera-t-il à Ultimate Classic Rock en 2014. « Si tu écoutes Paul et Gene, ils disent que je ne suis pas venu. La vérité, c’est qu’on ne m’a pas demandé. Ils ont essayé de faire croire que j’étais absent. »
Il quitte à nouveau le groupe en 2002, après une tournée d’adieu. Il est remplacé par Tommy Thayer, qui reprend son maquillage de Starman et ses parties de guitare à l’identique. « Tommy jouait les bonnes notes, mais il n’avait pas le bon groove », dira-t-il à Guitar Player en 2014. « Il n’a tout simplement pas ma technique. »
Durant les deux décennies suivantes, Frehley tourne intensément en solo, avec des setlists remplies de classiques de Kiss.
Son dernier concert a eu lieu le mois dernier à l’Uptown Theater de Providence, dans le Rhode Island — il l’a évidemment terminé sur Rock and Roll All Nite.
Dans une interview de 2013 à Rolling Stone, Frehley évoquait l’amour indéfectible de ses fans : « J’ai des fans hardcore, ouais. Les fans d’Ace Frehley, les fans de Kiss, ce sont les meilleurs du monde. Ils ont toujours été là pour moi, dans les hauts comme dans les bas. Ma vie a été des montagnes russes… mais j’ai toujours réussi à retomber sur mes pieds, guitare en main. »
source : Andy Greene
traduit par la rédaction Rolling Stone
https://youtu.be/nsgviqQiEGc?si=AtIub0u2N5vC-Uaw
https://youtu.be/gdr_FbE9hW4?si=0qzCcaa4CEmAwZ4K
https://youtu.be/J1r6J7TXaqc?si=oMSjTSV-PCCbtHzt
https://youtu.be/6pf0bw3_1C0?si=eBpEaOYAzvXnS66Z
https://youtu.be/fQOKMBP1cZo?si=0Tgp-dtw5HPEprMw
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https://youtu.be/ypw1QVnuv74?si=3asci20KJhL_0f4i
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