Pour son premier long métrage de fiction Rio Takebayashi a choisi une thématique plutôt accrocheuse et mystérieuse, celle de la boucle temporelle que l'on retrouvait déjà dans Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis. Et son film s'inscrit dans une distanciation ironique et dans une certaine tradition nippone de la comédie doucement contestataire.
Comme un lundi plonge le spectateur dans l'univers subtilement farfelu et compliqué d'une agence de publicité dans laquelle les employés constamment sous pression doivent faire preuve de toujours plus de « créativité ». Dans le savoureux scénario, concocté par Takebayashi et Saeri Natsuo, la même semaine de travail va se répéter indéfiniment, rendant les tâches de la jeune employée modèle Akemi Yoshikawa [interprétée par Wan Marui] et de ses collègues toujours plus répétitives. Sur un ton décalé et drôle le réalisateur décrit les ruses de Sioux de cette poignée d'intrépides salariés pour faire cesser le sortilège en prévenant chaque membre de la hiérarchie de l'entreprise jusqu'au débonnaire et fantasque patron.
S'inscrivant dans un tonique et amusant registre de comédie de bureau Comme un lundi propose une vraie réflexion sur la structure du travail à travers son côté répétitif et aliénant. Il nous suggère aussi les disparités de conception qui peuvent exister entre l'Europe et un pays comme le Japon, où la sacralisation de l'esprit de groupe, le respect de la hiérarchie et des aînés ainsi que le dévouement sacrificiel à l'entreprise vont de soi. En France, il est certes important de respecter sa hiérarchie et ce respect est valable sur le plan international. Mais au Japon, ce système est plus structuré et présente une plus forte pression sociale dans les entreprises.
Comme un lundi
En effet, dans la culture japonaise, le respect des structures et de la hiérarchie est une obligation d'autant plus difficile à contourner qu'elle est issue de la culture du management et de la pensée confucéenne ! Dans Comme un lundi le fait de rester dormir dans l'entreprise pour finir son travail [comme celui par exemple d'attendre tardivement le départ de son patron pour quitter l'entreprise] n'est pas considéré comme une situation « anormale ». A travers une excellente direction d'acteurs et l'amusant concept de boucle temporelle Takebayashi nous brosse à la fois un portrait incisif et sarcastique de l'entreprise contemporaine au Japon. Subtilement d'une façon détournée, il inscrit ses personnages dans une boucle questionnant non seulement le temps mais aussi la tentation de l'immobilité et du conformisme.
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