Inspiré d'une histoire vraie dans laquelle une sexagénaire avait tenté de braquer une banque, le long métrage Une femme sur le toit de la réalisatrice Anna Jadowska pose un regard acide sur la condition des femmes vieillissantes en Pologne.
Dans ses films [Touch Me (2003), Wild Roses (2017)] Anna Jadowska met en scène des femmes qui essaient de se libérer de leurs rôles sociaux, les inscrivant dans le quotidien de la société polonaise. Wild Roses racontait l'histoire de la rencontre d'un adolescent et d'une jeune femme (Ewa), travaillant à la campagne et élevant seule ses deux enfants avec l’aide de sa mère.
It's Me, Now (2005) évoquait l'errance d'une femme sur les routes de Pologne, cherchant à fuir son passé tout en rencontrant des personnages singuliers. Dans Une femme sur le toit la cinéaste met en scène un personnage discret (Mirka) souffrant d'une dépression non traitée. Proche de la retraite, cette femme endettée, exerçant la profession de sage-femme, vit entre un mari bougon et un fils qui s'apprête à déménager.
Dans un style documentaire original dans lequel les dialogues sont rares et les gros plans de visage éloquents Jadowska scrute la solitude ordinaire urbaine tout en orientant le spectateur vers une critique implicite de la figure populaire de la « mère polonaise », celle qui dédie sa vie aux autres, sacrifiant ses besoins et ses rêves pour élever les enfants et prendre soin de sa famille. L'on signalera que la seule scène véritablement transgressive du long métrage est celle où l'on voit Mirka, armée d’un couteau de cuisine, tenter maladroitement de braquer une banque.
Une femme sur le toit
Pour faire ressortir les émotions cachées de son personnage féminin, la réalisatrice a privilégié une certaine lenteur cinématographique bergmanienne. Elle s'attarde sur le corps nu et ridé de Mirka, scrute la résignation des habitants de ce quartier de Wrockclaw (Psie Pole), coincé entre champs et immeubles résidentiels à hauteur vertigineuse. Une femme sur le toit distille un climat à la fois étrange et menaçant.
Toute la forme du film baigne dans un blanc ou un gris glacial implacable : la blondeur de Mirka, ses vêtements clairs, l'aveuglante luminosité du soleil et des toits, la teinte laiteuse des champs. Pour les couleurs et la lumière, la cinéaste a été inspirée par la directrice de la photo japonaise, Rinko Kawauchi. La beauté et la puissance visuelle du film tient beaucoup à cette orientation esthétique. Une femme sur le toit est un drame intimiste qui questionne autant le regard que l'on porte sur son passé que la façon dont l'on envisage l'avenir. Pour ce rôle introspectif la réalisatrice a choisi Dorota Pomykala, une célèbre actrice polonaise que l'on retrouve dans de nombreuses séries télévisées.
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