lundi 18 septembre 2023

Images et bons-points de notre école



Dans un livre intitulé Images et bons-points de notre école Jean-Paul Gourévitch nous raconte passionnément une histoire oubliée, celle des récompenses scolaires au cours du XIXe siècle et du XXe siècle. Dans cet ouvrage  savoureusement illustré l'auteur nous décrit, tout en distillant de  fines analyses, le très vaste système de récompenses mis en place à l'école primaire puis dans les établissements du second degré au cours de ces deux siècles. Au passage, l'on apprend dans ce livre que l'on récompensait les bons élèves dès l'Antiquité. Mais le système de méritocratie, inhérent à ce système de récompenses, ne s'épanouira pleinement qu'à partir du XIXe siècle, notamment par la vogue du roman scolaire, forme de littérature pédagogique et par le renouveau des bibliothèques.


Peu concevable aujourd'hui, le système  éducatif d'autrefois, qui repose sur la matérialisation de la récompense, est  subtilement décortiqué par l'auteur, nous rappelant dès le premier chapitre intitulé La récompense : anatomie, physiologie, hygiène  l'importance dès le XIXe siècle de la célébration des valeurs morales, religieuses et familiales dans les établissements scolaires.  Très documenté,    Images et bons-points de notre école nous détaille toutes les formes de récompenses conçues par les fameux hussards de la IIIe République, de la croix d'honneur aux lauriers en passant par le banc d'honneur et les billets d'honneur.


Quant aux images et aux bons points,  ils constituent des distinctions plus familières. A propos des images l'auteur écrit ceci : « Longtemps, elles ont constitué le degré supérieur de la récompense. Pour mériter une image, il fallait avoir capitalisé cinq ou dix bons points. Puis, comme l'obtention en était lente ou aléatoire, elles en sont venues rapidement à remplacer les bons points eux-mêmes dont elles ont conservé la mention » (page 78). Il y a aussi des récompenses financières comme le livret de caisse d'épargne et la vente du timbre antituberculeux, qui disparaîtra progressivement dans les années 1980.


Quant à la distribution des prix, elle constitue la quintessence de la récompense scolaire. Son cérémonial un peu pompeux est notamment décrit dans un extrait du roman autobiographique Le petit Chose (1868) d'Alphonse Daudet, cité dans l'ouvrage.   Après cet ambitieux panorama aux contours à la fois éducatifs, sociologiques et historiques   Jean-Paul Gourévitch  énumère dans un dernier chapitre intitulé L'idéologie de la récompense les raisons pour lesquelles un tel système de récompenses serait difficilement viable aujourd'hui. Il écrit notamment:

 « Les enseignants et leurs manuels scolaires avaient institué le modèle scolaire d'une paternité (l'exemple) et d'une filiation (l'héritage). Mais dans l'univers extra scolaire de la rue, de la famille, de la vie professionnelle, des médias, les valeurs sont tout autres. Le mérite n'y a pas sa place réservée. Ce qui les gouverne, ce sont les rapports de force, les conduites de fraternité ou de solidarité, et la généralisation de la fracture légale et de la fracture sociale qui invitent chacun à construire sa vie comme il l'entend et en dehors des normes qu'on lui a enseignées.»

Jean-Paul Gourévitch, Images et bons-points de notre école, broché, grand format, éditions Métive, 143 pages, 2023








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