Les lycées d'Île-De-France - Quand l'architecture contemporaine rencontre la pédagogie

L'ouvrage collectif Les lycées d'Île-De-France - Quand l'architecture contemporaine rencontre la pédagogie propose une étude très documentée des établissements en petite et grande couronne, englobant 40 lycées emblématiques. A la fois érudit et ouvert au grand public c'est sans doute un livre référence, vu le nombre limité d'ouvrages sur cette question. La richesse patrimoniale de ces établissements est mise en perspective de même que leur genèse souvent méconnue. Le livre est d'autant plus intéressant qu'il est illustré de nombreuses photos et documents iconographiques rares. 

En outre, l'approche architecturale est mise en parallèle avec les attentes de ceux qui fréquentent ces établissements. De l'influence des architectes rationalistes aux lycées sur les « Fortifs » aux portes de Paris en passant par les lycées du futur et le cas particulier des écoles reconverties en lycées l'ouvrage nous raconte de façon claire et exhaustive toutes les mutations traversées des années 1860 à aujourd'hui.Construit entre 1948 et 1955 le lycée Jean Monnet à Montrouge (Hauts de Seine) est un de ces lycées emblématiques. Symbolisant l'esthétique industrielle et scolaire son architecture demeure imprégnée par les modèles des années 30. 

Avec ses volumes géométriques simples et son horizontalité des lignes renforcées par les toits-terrasses son architecture n'est pas sans rappeler un certain le Corbusier ! On signalera par ailleurs son décor exaltant les métiers du bâtiment que certains pourront trouver légitimement un peu emphatique ! Dans un autre style architectural l'on repère le lycée Maximilien-Perret à Alfortville (Val-de-Marne). Construit entre 1995 et 1997, il est caractéristique de l'esthétique high-tech de son architecte Massimilliano Fuksas. Enigmatique avec ses lignes de refend en zig zag qui « zèbrent » ce lycée ne laissa d'ailleurs pas indifférent.

Ainsi, on pouvait lire ceci en 2007: « Le phénomène Fuksas vient de se manifester, tel un événement géologique dans une banlieue est de Paris. A Alfortville »*. Quant au lycée Galilée à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), inauguré en 2005, il fait partie des premières expérimentations de la Région Ile-de-France en matière d'écoconstruction. Son aspect évoque un vaisseau spatial. Riche en courbes, en plans inclinés, en voûtes et en coques de béton l'établissement rappelle un peu par sa fluidité  Zaha Hadid. Il est l'oeuvre de Jean-Pierre Lott et de Jean Dubus.

Parmi ces 40 établissements originaux l'on signalera aussi le très futuriste lycée-aéroport de Cergy (Val-d'Oise). Construit entre 1991 et 1993 ce lycée high-teck et post moderniste rappelle l'architecture aéroportuaire. Sa singularité résulte sans doute autant de sa vision métaphorique des bateaux qu'à ses dimensions monumentales. Evoquant les liens étroits entre architecture et vie lycéenne Laurence Veillet conclut ainsi l'ouvrage :
L'architecture fait partie du quotidien de chacun et donc de celui des lycéens. Parler d'architecture, s'intéresser à l'architecture de leur établissement leur permet de porter un autre regard sur leur lycée, sur le monde qui les entoure, et donc sur eux-mêmes. Ce retournement positif est la plus belle des récompenses.

* Lauret-Gremillet Agnès (dir.). Ecorégion et lycées franciliens, dix ans de recherche environnementale appliquée. 1998-2008, Paris, Conseil régional d'Île-de-France, 2007, p.18-19

Collectif, Les lycées d'Île-De-France - Quand l'architecture contemporaine rencontre la pédagogie, Beau Livre, éditions Lieux Dits, collection « Patrimoine D'Île-de-France », relié, grand format, 304 pages, 2021